Le demi d’ouverture Romain Ntamack n’a plus porté le maillot bleu depuis le mois d’août 2023. Gravement blessé avant la Coupe du monde de rugby en France, retardé par un nouveau pépin physique en novembre, il sera annoncé en numéro dix en fin de matinée, au moment de l’annonce de l’équipe, par le sélectionneur Fabien Galthié. Il revient avec le quinze de France pour reprendre sa place, presque naturellement, aux côtés du capitaine Antoine Dupont. Retour sur ces mois passés loin de la sélection.
A la 56e minute de ce France-Ecosse de préparation à la Coupe du monde en août 2023, joué dans une chaleur étouffante au stade Geoffroy-Guichard de Saint Etienne, personne n’imaginait que Romain Ntamack, touché au genou et remplacé à ce moment-là, allait devoir se résoudre à quitter les Bleus dix-sept mois durant. Dix-sept matchs également que le XV de France n’a pas vu le demi d’ouverture du Stade Toulousain endosser le “dix”, la faute à cette maudite rupture du ligament avant la Coupe du monde, puis une nouvelle blessure, musculaire cette fois-ci, fin octobre face à Clermont en Top 14. “C’est un joueur qui a quitté l’équipe de France lors d’un match de préparation à la Coupe du monde et ça a été très dur”, avoue le sélectionneur Fabien Galthié. On a vécu des moments difficiles et celui-là c’en était un. Pour lui évidemment, mais pour nous aussi.”
En ayant rapidement tourné la page de la Coupe du monde. Il avait même bluffé ses proches sur sa faculté à laisser cette immense déception derrière lui, avec un certain détachement et pas mal de fatalisme. Il a pu prendre de plein fouet a réalité de son forfait lors de la visite à ses coéquipiers au stade Vélodrome pour le France-Namibie, mais ensuite, son indisponibilité lui a véritablement permis de souffler, de vivre également pleinement sa future paternité, avec plénitude et sérénité selon son entourage. Et les larmes du sélectionneur, entraperçues au moment où il annonce à son groupe le forfait de Ntamack pour le Mondial, sont séchées.
“Romain est programmé pour porter ce maillot”
Pour la venue du Pays de Galles au Stade de France, en ouverture du Tournoi vendredi (21h15), l’ouvreur est en mesure de reprendre sa place. Celle que sa trajectoire lui octroie, entre pléiade de titres avec Toulouse et Grand Chelem avec l’équipe nationale en 2022, sans compter les victoires de prestige (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud). “Romain est programmé et fait pour porter ce maillot”, dit d’ailleurs de lui son entraîneur au Stade Toulousain Clément Poitrenaud, qui a observé de près son retour au plus haut niveau, déjà ponctué d’un doublé Champions Cup-Top 14 dans la peau d’un titulaire au printemps dernier. “Il a fait beaucoup d’efforts pour revenir au niveau où il est aujourd’hui, je suis persuadé qu’il y met toute son énergie, toute sa concentration”, abonde-t-il.
Il lui restait à gommer quelques “scories” dans son jeu et à enchaîner les rencontres de haut niveau pour monter en puissance, trois matchs de Top 14 et quatre journées de Champions Cup en tant que titulaire en huit semaines avant, enfin, de rejoindre Marcoussis. “Il a beaucoup travaillé, il est revenu, très fort. Là, il semble prêt et déterminé”, avoue Galthié, quand Poitrenaud loue sa persévérance : “Il a aussi été un peu critiqué, il a été dans le dur à certains moments. Mais Romain, c’est un vrai grand compétiteur et il a prouvé encore une fois qu’il a mis tout en œuvre pour pouvoir y retourner et être performant avec le quinze de France. Et je pense que c’est une bonne nouvelle pour l’équipe de France.”
Galthié récupère deux ingénieurs de son projet
Et pour son compère à la charnière, Antoine Dupont, avec qui il détient le record d’associations dans l’histoire des Bleus (27), une vraie satisfaction : “Ça fait un moment qu’il ronge son frein, il était déçu de ne pas pouvoir revenir en novembre. Et ça ne va faire que du bien à l’équipe de retrouver un joueur de son calibre. Même si Thomas (Ramos) a fait de très bon matchs en novembre, on sent aussi depuis quelque temps dans l’équipe que l’émulation nous pousse à nous améliorer. On a eu pas mal de rotations, de nouveaux joueurs en novembre et ça a porté ses fruits. Là, Romain revient, ça va rebattre les cartes évidemment et on est tous contents de le revoir. Surtout content pour lui qu’il puisse être là en possession de tous ses moyens.”
Ce duo reconstitué donne de l’assurance au Bleus, Galthié ne le cache pas. “Pour l’équipe de France c’est quand même une charnière qui joue à Toulouse et qui performe. Ça nous donne une stabilité, un cadre à venir stable. Sans mettre de côté les joueurs qui jouent à ce poste et qui sont très importants aussi.” Seules les blessures de l’un et l’envie de rugby à 7 de l’autre ont pu un temps dévier les deux Toulousains de l’équipe nationale. Après des mois, Fabien Galthié récupère aujourd’hui deux ingénieurs de son projet, censés le mettre en œuvre. “Il y a un gros vécu, une expérience et un savoir-faire” dit-il les concernant.
“Le calme qui est le sien avant ces grands rendez-vous”
Romain Ntamack le sait, après la “master class” de son compère Thomas Ramos à ce poste en novembre, ses performances seront épiées, décortiquées. Mais Clément Poitrenaud n’a pas l’ombre d’un doute à son sujet. “Sa capacité à aborder ce genre de compétition, elle est incroyable. Le calme qu’il affiche, le calme qui est le sien avant ces grands rendez-vous, qui lui permet de maîtriser son sujet”. Et lui a hâte de retrouver ces matchs internationaux. Comme le 18 mars 2023, date de sa dernière apparition dans le Tournoi des VI Nations au Stade de France face… au Pays de Galles. La France l’avait emporté 41 à 28, avec le bonus offensif. Sur le chemin de la prochaine Coupe du monde en Australie, nouvelle cible dans son viseur, Ntamack signerait immédiatement pour un tel retour gagnant vendredi.
