Critiqué puis écarté du XV de France à l’issu d’un Tournoi des 6 Nations raté en 2024, Maxime Lucu, à force de résilience et d’abnégation, a retrouvé les Bleus samedi dernier en Irlande, profitant de la blessure d’Antoine Dupont sur la pelouse de l’Aviva Stadium à la demi-heure de jeu, pour signer la meilleure prestation de sa carrière en équipe de France. Il devra maintenant confirmer contre l’Ecosse, ce samedi dans le match pour le titre (21h).
Ne jamais rien lâcher. Des mots qui collent à la peau de Maxime Lucu, le demi de mêlée de l’Union Bordeaux-Bègles. Il y a un an quasiment jour pour jour, tout le monde le croyait fini pour le plus haut niveau international, au terme de deux rencontres manquées dans le Tournoi des 6 Nations 2024 face à l’Italie et l’Angleterre, où le natif de Saint-Jean-de-Luz avait manqué à peu près tout ce qu’il avait tenté.
Marqué par cet épisode douloureux où les réseaux sociaux s’en étaient pris à lui et sa famille, le demi de mêlée avait coupé quelques jours chez lui au Pays basque pour se ressourcer, avant de repartir le couteau entre les dents, avec son club de l’UBB et de se promettre qu’il retrouverait un jour le maillot tricolore. Un pari réussi. Samedi dernier, après avoir remplacé un Antoine Dupont malheureusement blessé contre l’Irlande, Lucu a été impérial à l’Aviva Stadium. Juste récompense, il sera titulaire ce samedi dans le match du titre contre l’Ecosse (21h).
“Je crois au destin”
C’est bien cette force de caractère qui a permis au cadet de la fratrie Lucu de rebondir et de prouver au monde du rugby qu’il méritait sa place aux côtés des meilleurs Bleus de France. Son frère Ximun, avec qui il a joué au Biarritz Olympique en Pro D2 se souvient de sa détermination lorsqu’il était au creux de la vague: “Il s’était promis de revenir plus fort après l’épisode de 2024, en intégrant la liste des 42 joueurs premium retenus par Fabien Galthié, en tant que troisième demi de mêlée… Une première étape dans sa reconstruction.”
Et c’est loin des projecteurs que Maxime Lucu a remis le bleu de chauffe pour retrouver une régularité et une efficacité, notamment dans son jeu au pied. Des standards abandonnés l’espace de quelques rencontres, que l’homme aux 26 sélections en équipe de France a finalement vite retrouvé en club, pour porter l’UBB jusqu’en finale du dernier Top 14. Et ce n’est pas l’humiliation subie face au Stade Toulousain (revers 59-3) qui remettra le doute dans la tête de Lucu. “J’ai eu beaucoup de déceptions mais depuis que je suis tout petit, j’ai toujours su me relever. Aujourd’hui je crois au destin”; a déclaré l’intéressé.
Retrouver son statut de numéro 2
Un mental en acier trempé qui lui a permis de gravir tous les échelons sans faire de bruit. Son premier formateur au Biarritz Olympique, Roger Aguerre, se souvient de ses premiers pas dans le monde professionnel. “C’est un joueur qui est arrivé sur la pointe des pieds sans être passé par les filières traditionnelles du haut niveau que sont le pôle Espoirs, le pôle France et les sélections de jeunes. C’est en côtoyant les pros du B0 qu’il a de suite changé de dimension pour devenir un titulaire indiscutable. Son travail, son implication et son engagement en ont fait un leader de jeu et de vestiaire.”
C’est cet homme-là qui sera donc aux commandes du XV de France ce soir au Stade de France face à l’Ecosse, pour tenter de décrocher un deuxième titre personnel dans le 6 Nations, trois après un premier sacre. Un succès qui permettrait à Lucu de refermer définitivement un chapitre douloureux en sélection et de retrouver son statut de numéro 2 (remplaçant) en équipe de France, derrière l’incontournable Antoine Dupont et ce à deux ans de la prochaine Coupe du monde en Australie.
