Le président du Rugby Club Toulonnais, Mourad Boudjellal était l’invité de l’émission RMC Sport Show, ce samedi soir.
Le scénario de cette émission radio est simple: les consultants réalisent le procès de l’invité. Lors de ce procès, le président du XV de la Rade est revenu sur divers sujets. Il s’en prend notamment à mots couverts à Fabien Galthie.
Dans un premier temps, Mourad Boudjellal explique pourquoi il a changé d’entraîneurs à de nombreuses reprises ces-dernières années. Extrait:
« J’essaie d’être authentique et j’essaie de toujours faire le meilleur pour mon club. Effectivement, je me suis séparé de nombreux entraîneurs ces-dernières années. Mais pendant cinq ans j’ai eu le meilleur (Bernard Laporte) et fatalement, on est en comparaison. Et quand vous comparez les entraîneurs au meilleur, c’est comme si vous avez eu miss univers et que vous passez à miss Bretagne, vous êtes un peu déçu. Là, j’ai préservé mes entraîneurs. Il y en a qui n’étaient pas bien et je ne l’ai pas dit. Aujourd’hui, j’ai de bons entraîneurs. En règle générale, je me sépare des gens proprement et je ne dis pas de mal. Et quand on se sépare d’un entraîneur, c’est aussi l’échec de celui qui l’a recruté. Je me suis trompé et j’assume mes erreurs. Je les assume financièrement aussi même si sur ces dernières années, j’ai plutôt eu affaire à des gens corrects. »
Il se remémore de sa séparation avec Diego Dominguez. Il évoque un moment douloureux et un travail qui n’est jamais facile à réaliser. Extrait:
« Le jour où j’ai décidé de me séparer de Diego Dominguez, quelqu’un pour qui j’avais beaucoup de respect, je me rappellerais toujours que lorsque je lui ai demandé de venir dans mon bureau, la montée des escaliers a été extrêmement longue. C’était très long et très lourd. Mais je suis dans le rôle d’un président et je fais mon boulot car il y a des raisons qui font que tu dois faire ton boulot. Mais je me suis toujours interdit de taper sur les entraîneurs dont je me séparais. C’est comme ça. Cockerill nous a amené en finale mais on avait signé Galthié. Et les règles changent sans arrêt. Comment garder un entraîneur étranger quand on te dit qu’il faut faire jouer de plus en plus de joueurs Français ? Les entraîneurs étrangers ne connaissent pas vraiment les joueurs Français. Donc on est obligé d’avoir un entraîneur Français qui connaît tous les championnats. Après, il y a aussi eu des erreurs de casting. »
Néanmoins, le patron du RCT n’a pas manqué de poser une question qui en dit long sur l’échec de Fabien Galthié à Toulon. Extrait:
« Vous ne vous êtes pas posé la question de savoir pourquoi tant de joueurs ont quitté le club en fin de saison dernière ? Posez-vous cette question. Moi, je préserve mes entraîneurs. »
Par ailleurs, Mourad Boudjellal a fait le bilan de ces deux dernières saisons. S’il est conscient qu’il n’est pas merveilleux, il précise également que ce n’est pas catastrophique. Extrait:
« Depuis deux ans, j’ai un bilan qui est: une sixième place et une finale de Top 14, mais aussi deux quarts de finales de Coupe d’Europe. Ce n’est pas le plus beau des bilans, mais ce n’est pas le pire non plus. Depuis deux ans, on est toujours dans le top 6. Je ne sais pas si on le sera cette année. »
Le patron du RCT explique que la concurrence est de plus en plus forte en Top 14, avec des milliardaires qui débarquent chaque année. Extrait:
« Il y a une concurrence qui est arrivée cette année. J’ai quand même réveillé quelques milliardaires. A l’époque, j’avais dit que c’était magnifique ce que l’on faisait par rapport aux milliardaires qu’il y a dans le rugby. Ils y étaient déjà dans le rugby et on a réussi à récolter des titres alors qu’il y avait des fortunes incroyables. J’étais à Cap Canaveral il n’y a pas longtemps. Je regardais la navette spatiale et les pneus provenaient de Michelin ! Je me bats face à des mecs qui font les pneus de la navette spatiale. Il y a des Allemands, il y a Mohed Altrad, il y a Jacky Lorenzetti… Il y a des fortunes incroyables. »
Selon lui, l’arrivée de ces milliardaires dans le rugby dessert le rugby Français qui ne vit plus dans une économie réelle. Extrait:
« Mais aujourd’hui, tout cela fait qu’il y a de moins en moins de monde dans les stades et les audiences sont en baisse. Je suis arrivé il y a quelques années et j’ai créé une économie réelle. On a fait augmenter les droits télé car on a eu des audiences que personne n’a eu. Je vous rappelle que lorsque Canal + a doublé les droits du Top 14, le patron de Canal + a dit qu’il n’achetait pas les droits du Top 14 mais les droits de Toulon. Par rapport à cela, on nous a changé nos horaires et on s’est mis à jouer le dimanche. Notre économie en a pris un gros coup et j’ai dû réduire la voilure. »
Le président Varois est ensuite revenu sur la problématique des matches joués le dimanche. Extrait:
« Toulon, le samedi c’est le club d’une région. Le dimanche, c’est le club d’une ville. Et ce n’est pas pareil car le dimanche, les Niçois, les Avignonnais et les Marseillais ne viennent pas le dimanche à 17h00. Suite aux matches du dimanche, j’ai dû perdre 1 500 abonnés de gens extra-Toulon, c’est-à-dire des gens qui nous disaient qu’ils ne pouvaient pas venir le dimanche. Tout a été mis en place contre nous et on en paie aujourd’hui les conséquences. On sera quand même là. En ce moment, on ne procure pas beaucoup de joie à nos supporters mais beaucoup à nos adversaires. »
Mourad Boudjellal affirme refuser d’être uniquement le coupable des défaites. Extrait:
« Si je suis coupable aujourd’hui, il faut aussi rappeler que je suis coupable des victoires. On ne peut pas être coupable uniquement des défaites. »
Une chose est sûre: le président Toulonnais a décidé de laisser du temps à Patrice Collazo et il ne le licenciera pas. Extrait:
« Patrice Collazo va faire de la distance à Toulon, vous verrez. On se comprend avec Patrice car on a le même langage. Collazo sait ce qu’est le RCT. Puis c’est un homme convaincu et convaincant, c’est quelqu’un de caractère. J’aime les gens de caractère. C’est quelqu’un qui est rassurant et il a un objectif bien précis. Puis il faut rappeler que ce n’est pas lui qui a constitué cet effectif. Il en a hérité. Donc il faudra le juger quand il aura un effectif qu’il aura pleinement constitué. Puis, je suis certain que Patrice va faire une belle série et il le mérite. »
Pour prouver sa volonté de conserver Patrice Collazo coûte que coûte, il se dit même prêt à retourner en Pro D2 avec lui s’il le faut. Extrait:
J’irais avec Patrice Collazo en Pro D2. Ça peut arriver de perdre quatre ou cinq fois d’affilée encore. Mais s’il le faut, on ira en Pro D2 avec Collazo. Mais pas en Fédérale 1, seulement en Pro D2 (rire)
Pour conclure, Mourad Boudjellal a rappelé avoir eu un effectif extraordinaire la saison dernière, et celui-ci n’a rien gagné. Extrait:
« Il faut reconnaître que l’an passé, on a eu une équipe extraordinaire. Et si je peux encore avoir de vieux All-Blacks comme Ma’a Nonu, je les prends. Il a été énorme et monstrueux Ma’a Nonu ! Cette équipe de l’an passé avec les Vermeulen, Attwood, Radradra, Ashton, Bastareaud et Guirado, elle n’a rien gagné ! Elle a perdu à Agen, à Oyonnax et à Brive. Avec tout le respect que j’ai pour ces trois équipes, il y a quand même une anomalie. On doit au moins gagner l’un des trois matches. »