Depuis de longues semaines désormais, les matches du Top 14 se jouent à huis clos, crise sanitaire oblige.
Interrogés dans les colonnes du Midi Olympique, plusieurs techniciens et joueurs du Top 14 se sont exprimé sur ce que changent ces huis clos.
Le directeur du rugby de Montpellier, Philippe Saint-André explique que ces matches à huis clos permettent aux joueurs de jouer de manière plus libérée à l’extérieur. Extrait:
« Les équipes semblent plus libérées. Personne ne fait d’impasse nulle part. On l’a vu avec des prétendus petits qui sont allés l’emporter chez des prétendues grosses écuries. Auparavant, tu visais le point de bonus défensif en déplacement, maintenant tu ambitionnes la victoire. »
L’entraîneur de l’attaque du CA Brive, Jean-Baptiste Péjoine estime que le huis clos favorise les équipes qui ont du talent. Extrait:
« Le huis clos favorise les équipes qui ont du talent, nous on a des talents en devenir. »
Pour l’ex co-entraîneur de Pau, Frédéric Manca, jouer à l’extérieur dans un stade vide est toujours plus facile que lorsqu’il y a des supporters. Extrait:
« C’est toujours plus facile de faire un match à huis clos à l’extérieur. On a eu beau en parler, on a découvert le huis clos. On sait qu’il va y avoir personne au stade mais c’est quand même spécial. »
Pour l’ouvreur du Castres Olympique Benjamin Urdapilleta, jouer à huis clos permet aux joueurs de mieux communiquer entre eux. Extrait:
« Je trouve que c’est plus facile pour communiquer entre nous, vu qu’il n’y a pas le bruit des supporters. Parfois, dans un stade plein, c’est frustrant quand tu aimes parler avec tes partenaires comme c’est généralement notre cas à la charnière. J’ai besoin d’échanger avec mon numéro 9. Disons qu’il n’y a pas d’excuse sur un manque de communication en ce moment ! Si mon demi de mêlée me dit qu’il ne m’a pas entendu, je ne vais pas le croire (rires). Franchement, sur ce côté-là, c’est un avantage. Mais il est vrai que je préfère quand même voir du monde dans le stade. »
Enfin, l’ancien arbitre international Français Jérôme Garcès estime que ces matches à huis clos ont fait ressortir certains mauvais comportements en dehors du terrain. Extrait:
« Ce qui me gêne personnellement en ce moment, c’est moins ce qui se passe sur le terrain qu’en dehors. Depuis deux ou trois journées, on entend beaucoup de choses venir du bord de touche ou des tribunes, notamment des joueurs hors groupe. On entend des commentaires, des contestations, qui viennent de personnes qui devraient probablement s’en abstenir. Je crois qu’il doit absolument y avoir une prise de conscience rapide à ce niveau-là, car non seulement ces commentaires peuvent venir envenimer des situations, mais donnent surtout une très mauvaise image. Même pour les arbitres, c’est difficile, car auparavant les gars sur le terrain n’entendaient pas tout ce qui pouvait être dit au sujet de leurs décisions. »
