Le consultant rugby de L’équipe, Jean-Baptiste Elissalde s’est confié via L’équipe.
Ce-dernier a analysé la large victoire bonifiée des Bleus remportée contre l’Irlande, samedi à l’Aviva Stadium, dans le cadre de la 4ème journée du Tournoi des Six-Nations.
L’ancien demi-de-mêlée savoure le jeu pratiqué par le XV de France. Extrait:
« L’équipe de France a livré hier (samedi) une performance qui a une certaine logique avec ce qu’elle avait précédemment montré dans le Tournoi. Le match contre le pays de Galles avait été un échauffement, celui contre l’Angleterre un accident et la rencontre en Italie a donc été une répétition de ce qu’on a vu à Dublin.
Il y a eu tout de même quelques évolutions stratégiques bien pensées, notamment la défense française dans ses 40 mètres en 14-1, c’est-à-dire avec 14 défenseurs sur un même rideau et le seul Thomas Ramos couvrant derrière. Ça leur a permis de résister aux Irlandais pendant les seize premières minutes durant lesquels ils ont subi. Cette adaptation du staff a porté ses fruits. D’autant plus qu’à leur première incursion dans les 22 mètres adverses, les Bleus ont marqué. Les Irlandais ont moins réussi à s’adapter : il a fallu attendre la 39e minute pour les voir enfin taper un ballon dans le dos de la défense tricolore. Le staff français avait dû s’apercevoir que le quinze du Trèfle utilisait très peu le jeu au pied de continuité dans les 35 derniers mètres.
La qualité de la défense – secteur sur lequel pesaient quelques doutes – me fait aussi penser que les Bleus ont progressé. À la 25e minute, François Cros avait déjà plaqué 15 fois… ça pose les bases d’une performance défensive globale. Je retiens l’endurance mentale de cette équipe de France, qui a perdu Antoine Dupont, son meilleur joueur, son capitaine, sur blessure à la 28e minute, mais qui malgré tout n’a pas perdu pied. Bien au contraire, cette sortie a semblé les renforcer mentalement, même quand les Irlandais sont repassés devant en début de seconde période.
À ce moment-là il y a eu une évolution tactique à laquelle les joueurs ont parfaitement répondu. On avait vu depuis novembre les Français jouer avec des cellules classiques de trois avants après le numéro 9. Depuis l’Italie, elles sont passées à quatre. Samedi, ça leur a permis de bouger le ballon devant la défense, d’être moins lisible et de trouver des épaules faibles pour mettre de la vitesse au jeu en jouant debout ou en pivot. Par ailleurs, dans le jeu au pied, contrairement à d’habitude où ils cherchaient de la longueur en laissant le ballon dans le terrain, les Français ont trouvé les touches dès qu’ils étaient dans leurs 22 mètres. Ils ont cassé le rythme et préféré défendre sur des lancements de jeu plutôt que sur des contre-attaques. Contrairement au match de Marseille l’an dernier face à l’Irlande, la touche française a été bonne, avec un 100 % de l’alignement et des bons ballons portés. »
Dans la foulée, Jean-Baptiste Elissalde a évoqué le banc 7 – 1 concocté par Fabien Galthié.
Il ne manque pas de mettre en avant un joueur : l’habituel troisième ligne Oscar Jegou qui est entré en jeu au poste de trois-quarts centre suite à la blessure contractée par Pierre-Louis Barassi. Extrait:
« J’aimerais aussi parler du banc en 7-1. On a vu Oscar Jegou réussir sa meilleure entrée avec l’équipe de France à un poste de centre auquel il est entré qui n’est pas le sien. Quand tu décides de faire des choix comme celui-ci, tous les scénarios sont étudiés. Ça donne raison au staff. Peu importent les hommes, le système fonctionne, les joueurs y croient, s’adaptent et c’est un marqueur fort. À la 48e, le banc français est entré, deux minutes plus tard, on a vu un contre-ruck tricolore avec trois joueurs sortis du banc. Trois passes plus loin, il y avait un essai de Bielle-Biarrey. Rien qu’avec cette action, on comprend pourquoi le 7-1 peut être pensé pour le rugby international. Il n’est donc pas un problème.
La demi-finale est gagnée. Reste la finale, contre l’Écosse. Attention à ne pas avoir trop ce sentiment de supériorité. Ce serait dommage de gâcher une performance comme celle de samedi, parce qu’elle reste assez incroyable. »
