Une semaine après avoir fait tomber La Rochelle dans son antre de Deflandre, le Munster débarque à Chaban-Delmas, ce samedi, avec l’ambition affichée de poursuivre son incroyable résurrection.
Revigorés par un exploit retentissant en huitième de finale, les hommes de la Red Army ne comptent pas s’arrêter là. Face à l’Union Bordeaux-Bègles, ils veulent encore faire tomber les pronostics.
Il y a six mois, personne n’aurait misé un penny sur la province irlandaise. Plongée en crise sportive à l’automne dernier, douzième du championnat, battue à Castres puis à Northampton en phase de poules, la formation semblait à la dérive.
Le départ de Graham Rowntree, entraîneur en chef, avait même accentué les doutes. Et pourtant, comme souvent dans son histoire, le Munster s’est relevé. Et avec panache.
Retour dans le gotha européen
En s’imposant face à La Rochelle, double championne d’Europe en 2022 et 2023, le Munster a signé une vingtième qualification en quart de finale de la Champions Cup depuis 1995. Une performance qui témoigne d’un certain héritage, même si cette équipe n’a plus la puissance de ses années dorées, celles des titres européens de 2006 et 2008.
Portés par un Tadhg Beirne impérial, un Jack Crowley inspiré et un Conor Murray toujours aussi précieux, les Irlandais ont fait preuve d’une résilience exemplaire.
« Nous ne voulons pas nous contenter d’un seul match, nous en voulons trois autres. Cette victoire restera comme l’une des plus belles, mais cela n’aura pas d’importance pour nous si nous ne réalisons pas une bonne performance à Bordeaux », martelait Beirne cette semaine. Le ton est donné : pas question de s’arrêter en chemin.
Une fraîcheur mentale et physique en priorité
Après avoir fêté la qualification avec leurs supporters – près de 2 000 d’entre eux avaient fait le déplacement en Charente-Maritime – les Munstermen ont regagné Limerick lundi pour une semaine de préparation express.
Le mot d’ordre ? Repos et récupération, avant tout.
Mardi, l’entraînement a été volontairement allégé selon Midi Olympique. Mercredi, les cadres ont profité d’une journée de repos complet. Un choix stratégique assumé par le staff technique, soucieux d’éviter la surchauffe physique.
« Le défi se joue sur deux fronts principaux : celui mental et physique, expliquait Denis Leamy, coach de la défense, dans l’Irish Independent. Ce qui est important, c’est de déterminer ce que nous pouvons contrôler dans les deux prochains jours en termes de charge d’entraînement, de temps de réunion, de nombre de fois où nous ferons venir les joueurs. Toutes ces choses sont probablement cruciales pour déstresser les gars et les décharger un peu. »
Objectif : une demie, cinq ans après
Le Munster, qui ne dispose pas du même réservoir de joueurs que l’UBB, mise donc sur une approche lucide et méthodique. La victoire à La Rochelle a laissé des traces dans les organismes. Entre intensité physique et tension mentale, la bataille fut rude. Pour tenir tête aux Girondins, les Irlandais devront afficher une fraîcheur optimale pendant 80 minutes.
Mais l’intention est claire : retrouver le dernier carré, une première depuis 2019.
« Nous abordons les moments essentiels de notre saison, qui a déjà été longue, confiait Leamy. Mais nous savons exactement comment nous voulons jouer et ce que nous voulons faire à Bordeaux. Il s’agit maintenant de les mettre en place, et la fraîcheur des corps et des esprits est ce que nous recherchons pour obtenir cette performance. »
Un quart de finale à haut risque… pour Bordeaux aussi
Dans un stade Chaban-Delmas prêt à rugir, les Bordelais sont prévenus : le Munster n’arrive pas en victime expiatoire. « Je pense que les garçons sont en pleine forme et tous les signes indiquent que nous allons réaliser une grande performance », prédit Leamy, confiant mais pas fanfaron.
À Bordeaux, c’est donc un quart de finale entre ambition retrouvée et rêve européen qui s’annonce. Le Munster est prêt à défier le destin une fois encore.
