Neuf mois après la disparition tragique de Medhi Narjissi, jeune joueur du Stade Toulousain emporté par les flots lors d’un stage avec le XV de France U18 en Afrique du Sud, son père, Jalil Narjissi, s’est exprimé via La Dépêche après avoir pris connaissance du rapport d’enquête administrative mené par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR).
Il dénonce sans détour une organisation défaillante de la part de la Fédération française de rugby, pointant « des manquements graves qui sont à l’origine de ce drame ».
Pour lui, la suppression du poste de chef de délégation depuis l’arrivée de Florian Grill à la tête de la FFR a joué un rôle clé dans l’insuffisance des mesures de sécurité entourant les jeunes joueurs. « M. Grill avait dit qu’il allait améliorer la sécurité des joueurs. Il a dit nous avoir soutenus et avoir proposé un hommage. C’est nous qui avons demandé cet hommage pour France-Galles et il n’y a pas d’accompagnement de notre famille. Ce sont des mensonges », accuse-t-il.
S’il affirme avoir initialement fait confiance à Florian Grill, lui envoyant un message le lendemain du drame, il se dit profondément blessé par l’absence du président à leur retour, regrettant que « ce ne soit pas la Fédération mais le Stade Toulousain qui ait été présent ».
Il ajoute que la cellule psychologique promise n’a jamais été mise en place par la FFR.
Jalil Narjissi dénonce également les priorités du président fédéral :
« Il était en campagne électorale pendant que, de l’autre côté de la planète, on cherchait notre fils disparu ».
Il considère que les responsabilités ne se limitent pas à ceux présents sur la plage, mais remontent jusqu’aux dirigeants :
« Ce n’est pas la Fédération qui a mis Medhi dans l’eau, mais bien ses choix, comme celui de supprimer le poste de chef de délégation ».
Face aux reproches de Florian Grill, qui l’invite à ne pas se tromper de combat, le père endeuillé répond :
« Je ne me trompe pas de combat. Il n’y a aucune vengeance. Je mène un combat pour que mon fils soit respecté, pour que la vérité soit dite, pour que cela ne se reproduise pas ».
Il dit avoir confiance en la justice, tout en espérant que de nouvelles gardes à vue auront lieu :
« D’autres adultes présents sur la plage, tous diplômés d’État, n’ont pas empêché la mise à l’eau. Ils n’ont eu aucune action de secours vis-à-vis de Medhi ».
Selon lui, seul un autre jeune, Oscar, a tenté de sauver son fils.
Enfin, la douleur reste vive. Le corps de Medhi n’a jamais été retrouvé et la famille vit dans un état de sidération :
« On ne fera jamais notre deuil […] Nous n’avons rien. Nous sommes figés ».
Jalil Narjissi conclut sur la souffrance persistante de sa famille, en particulier celle de sa fille, profondément marquée par la perte de son frère.