Alors que la douleur de la famille Narjissi reste vive depuis la disparition de Mehdi, jeune joueur décédé l’été dernier lors d’un stage avec l’équipe de France U18, le président de la Fédération française de rugby (FFR), Florian Grill, a adressé un courrier de six pages pour répondre aux attaques répétées à son encontre.
Dans cette lettre transmise aux proches de la famille et aux instances dirigeantes du rugby français, Grill tente d’éclaircir sa position.
Depuis plusieurs mois, le père de Mehdi, Jalil Narjissi, s’exprime publiquement sur ce qu’il perçoit comme des manquements graves.
Dans une récente intervention sur RMC, il reprochait au président fédéral :
« Florian Grill n’était pas à nos côtés. Il était en tournée électorale le jour où mon fils a disparu. Il avait la possibilité de nous accompagner. On a eu son planning en temps et en heure. Ce n’est pas lui qui a mis notre fils dans l’eau. Ce n’est pas lui qui a pris cette décision. On le sait tout ça. Je l’ai assez dit. Aujourd’hui, il faut qu’il assume ses responsabilités, tout simplement. »
Face à ces accusations, Grill affirme – dans des propos relayés par Midi Olympique – avoir agi dès les premières heures :
« J’ai agi dès la première minute. J’ai soutenu, accompagné, organisé, échangé. J’ai demandé des enquêtes. J’ai exigé la vérité. J’ai proposé un hommage. Je vous ai rencontré. J’ai pleuré avec vous. Et je continue à porter votre douleur dans mes pensées. On peut douter de tout, sauf de mon engagement sincère auprès de vous. »
Concernant sa décision de ne pas se rendre en Afrique du Sud, il explique qu’il avait choisi de rester en France pour coordonner la cellule de crise et être disponible à tout moment. Il précise :
« J’ai compris que vous me reprochiez mon absence à vos côtés […] et je tiens à dire que je vous entends […] J’ai sûrement mal interprété et je vous présente mes excuses pour cela mais en voyant que vous refusiez la visioconférence ou un appel j’ai à tort estimé que ma présence était inopportune à vos yeux. »
Grill reconnaît cependant certaines failles dans l’organisation :
« Oui, tout n’a pas été parfait dans la préparation du voyage. Oui, j’ai sûrement commis des maladresses dans ma communication auprès de vous dans l’urgence et le stress de la gestion du drame. »
Mais il insiste sur l’implication collective :
« Mais la réalité est qu’il y a eu, sous ma coordination, une mobilisation générale de toutes les équipes de la FFR. »
Il répond aussi aux accusations d’une éventuelle manœuvre pour se dédouaner :
« Dans votre interview au Figaro, vous prenez le parti de m’attaquer avec virulence, ainsi que la fédération que je préside […] Vous me dites dans la presse que la FFR cherche à se protéger, ce n’est pas vrai […] Nous voulons la vérité, pas la vengeance […] Je comprends que vous ayez besoin de réponses et que vous cherchiez des coupables, mais ne vous trompez pas de combat et faites confiance à notre justice. »
Dans un passage particulièrement émouvant, le président rend hommage à Mehdi :
« Vous m’avez écrit un jour que Medhi était le ciment de votre famille, un jeune homme lumineux, généreux, passionné. Je n’ai aucun mal à vous croire. Tous ceux qui parlent de lui disent la même chose. Je ne pourrai jamais vous rendre votre fils. Mais je peux, avec vous, faire en sorte que son souvenir transforme notre sport […] Pour Medhi, nous devons regarder en haut. Non pour admirer les étoiles mais pour que leur lumière, et particulièrement celle de Medhi, ne brille pas pour rien. »
Sur le plan judiciaire, l’affaire reste en cours. L’enquête pour homicide involontaire a récemment conduit à la garde à vue de Stéphane Cambos, ancien manager des U18, qui a, de son côté, porté plainte contre la FFR pour dénonciation calomnieuse.