Si le score final (35-18) en faveur de l’Union Bordeaux-Bègles face au Stade Toulousain en demi-finale de Champions Cup paraît sans appel, une analyse plus fine des statistiques effectuée par Midi Olympique révèle une rencontre bien plus disputée que ne le laisse croire l’écart au tableau d’affichage.
L’UBB a frappé fort au bon moment, là où les Toulousains ont manqué d’efficacité. Une différence de réalisme qui a pesé lourd.
C’est aussi ce qu’a souligné Romain Ntamack, frustré à l’issue de la rencontre, explique Midi Olympique.
Le demi d’ouverture du Stade Toulousain a insisté sur le manque de concrétisation de son équipe dans les zones de vérité. Extrait :
“Ils ont été hyper-réalistes, chaque fois qu’ils sont rentrés dans notre camp, ils ont marqué des points, des essais ou des pénalités. Nous, non. C’est la différence aujourd’hui. Ils sont loin d’être au-dessus de nous, mais ils ont été plus réalistes que nous, c’est ce qui fait la différence.”
Effectivement, Toulouse a dominé la possession (58 %) et l’occupation (54 %), franchi davantage (10 contre 8), tenté plus de passes après contact (14 contre 10), mais a buté sur une défense girondine plus rigoureuse (80 % de plaquages réussis contre 70 % côté toulousain).
Les moments clés du match ont souvent basculé du côté des Girondins, capables d’élever leur intensité précisément quand il le fallait, notamment après un carton jaune ou un temps fort adverse.
Ugo Mola a regretté ces instants décisifs mal maîtrisés par ses joueurs. Extrait :
“Je pense que nous ne sommes pas loin à plusieurs reprises de pouvoir faire basculer la rencontre différemment. Mais au moment où tu marques, où tu reviens, où les Bordelais prennent un carton jaune, tu encaisses systématiquement des points dans la foulée. Il y a plein de petits moments clés du match qui ont tourné en leur faveur.”
Sur le plan individuel, Maxime Lucu a une fois de plus brillé. Patron discret mais essentiel, le demi de mêlée a terminé meilleur plaqueur du match (16 plaquages, un seul manqué), et a parfaitement maîtrisé le tempo, notamment au pied.
Blessé avant l’heure de jeu, Damian Penaud a tout de même eu le temps de marquer les esprits, battant cinq défenseurs, meilleur total du match.
Quant à Matthieu Jalibert, il a assumé son statut avec brio : 100 mètres parcourus en dix courses, deux défenseurs battus et une ligne cassée. Un chef d’orchestre inspiré, à l’image d’une UBB qui a su sublimer ses temps forts.
Côté toulousain, si Romain Ntamack n’a pas démérité (111 mètres, 19 courses), il n’a pas su faire oublier les absences d’Antoine Dupont et Thomas Ramos. Même constat pour Paul Graou, excellent en première période, mais qui a progressivement baissé de rythme dans un rôle de remplaçant de luxe difficile à tenir.
À l’arrivée, c’est Bordeaux-Bègles qui verra Cardiff. Mais Toulouse, sans avoir été dominé dans le jeu, repart frustré de n’avoir su mieux capitaliser sur ses occasions.
Un constat qui laisse un goût amer, mais confirme une fois encore que le très haut niveau ne pardonne aucun relâchement.