Le Stade Toulousain n’a pas seulement balayé Toulon au Vélodrome (50-16) samedi dernier ; il a aussi dévoilé, presque par accident, une association inédite et improbable à la charnière. Face à une cascade de blessures, le staff rouge et noir a été contraint de repositionner Paul Graou à l’ouverture, aux côtés de Naoto Saito à la mêlée.
Une configuration jamais testée en match officiel… et pourtant éclatante de réussite.
L’idée d’un duo Graou–Saito n’était ni prévue, ni franchement anticipée par les principaux intéressés. En l’absence de Thomas Ramos (blessé) et de Juan Cruz Mallía (laissé au repos), Paul Graou n’était censé être qu’un joker de luxe.
Mais le sort en a décidé autrement : en moins de vingt minutes, Toulouse perd coup sur coup ses deux ouvreurs, Romain Ntamack (commotion) et Matias Remue (entorse à la cheville). Ne restait plus que Graou, initialement prévu pour remplacer Saito à la mêlée, pour endosser le rôle de numéro 10.
Un rôle qu’il a accepté sans état d’âme, avec le sourire et un certain détachement, estimant qu’il valait peut-être mieux ne pas avoir eu le temps de cogiter comme il l’explique via La Dépêche.
Pendant près d’une heure, les deux hommes ont donc dirigé le jeu toulousain, surprenant autant les observateurs que leurs adversaires. Leur entente, forgée à l’entraînement mais jamais éprouvée en conditions réelles, a brillé par sa fluidité.
Jeu au pied précis, circulation rapide, communication constante : la paire a fait preuve d’un naturel désarmant. Graou a notamment livré une passe décisive millimétrée à Barassi pour l’un des sept essais de la soirée.
Si Saito reconnaît avoir d’abord cru au retour de Ntamack après sa sortie sur protocole commotion, il a rapidement compris que la suite du match se ferait aux côtés de son partenaire d’entraînement.
Cette complicité née du quotidien a permis aux deux hommes de s’ajuster en temps réel, entre échanges à la mi-temps, discussions sur les zones à attaquer ou gestion des sorties de camp. Une entente facilitée par la capacité de chacun à se mettre au service de l’autre.
Les deux joueurs ont même ponctué leur prestation d’un essai personnel chacun, comme pour conclure cette improbable réussite par une signature personnelle. Dans un contexte tendu, marqué par les blessures à répétition, cette charnière inattendue a offert un bol d’air frais au staff toulousain. Une expérimentation forcée, mais pleinement réussie.