Il a longtemps été jugé trop petit, trop discret, trop atypique pour percer au haut niveau.
Pourtant, à 24 ans, Guillaume Cramont s’impose doucement mais sûrement au sein du Stade Toulousain, profitant notamment de la blessure de Peato Mauvaka pour saisir sa chance.
Du rejet à la révélation
Le parcours du talonneur toulousain n’a rien de linéaire. Né en décembre 2000, il grandit ballon en main, mais doit toujours lutter contre les stéréotypes physiques imposés à son poste. À Dax, où il effectue toute sa formation entre 2006 et 2019, personne ne le sélectionne chez les jeunes espoirs.
« Il n’était pas très grand […] tous les potentiels haut niveau sont au-dessus du mètre quatre-vingt-dix. Il n’a été dans aucune sélection », se souvient Emmanuel Maignien, son entraîneur en Crabos, via L’équipe.
Mais l’histoire bascule à ses 18 ans. Aligné en numéro 8 en fin de saison pour combler les besoins de l’équipe, il rayonne. Mieux encore : il dispute le Championnat d’Europe des -18 ans avec l’équipe nationale suisse (double nationalité oblige), et termine meilleur marqueur de la compétition.
« Voir autre chose lui a fait le plus grand bien, ça l’a fait grandir », résume Maignien. Une expérience fondatrice.
Toulouse, un pari transformé
Alors que l’US Dax ne lui propose même pas une place au centre de formation, le Stade Toulousain flaire le potentiel brut. Grâce au soutien d’Ugo Mola, Cramont débarque à l’été 2019. Quelques semaines plus tard, à seulement 18 ans, il entre déjà dans la rotation du club, profitant des absences conjuguées de Marchand (blessé) et Mauvaka (en Coupe du monde).
Depuis, il a gravi les échelons avec régularité. Champion de France Espoirs en 2021, il est désormais un habitué du groupe pro. Loin de se laisser écraser par la concurrence de Mauvaka et Marchand, il s’en nourrit.
« Si je pense que c’est impossible de m’imposer, à quoi bon venir à l’entraînement chaque matin ? », lance-t-il, déterminé.
Son entourage confirme cette mentalité. « Guillaume est à sa place. Il a de l’ambition. Mais je lui ai toujours enseigné la patience », explique son père, Alexandre, ancien joueur et supporter inconditionnel du Stade Toulousain.
Une opportunité en or
Avec la blessure de Peato Mauvaka pour la fin de saison, Cramont va enchaîner les minutes et se montrer davantage. Mais pas de pression excessive pour autant. « Non, je suis relax. Je dois encore élever mon niveau, ça me motive », affirme-t-il, serein.
Lui qui suivait les exploits des Servat, Dusautoir ou Heymans dans les tribunes du Stadium aux côtés de son père, joue aujourd’hui avec les fils de ses idoles, comme Romain et Théo Ntamack. « Il vit son rêve », glisse son père.
Ce qu’il faut retenir :
Jamais sélectionné chez les jeunes en France
Meilleur marqueur du Championnat d’Europe U18 avec la Suisse
Intégré au Stade Toulousain dès ses 18 ans
Saisit sa chance après la blessure de Mauvaka
« Ça me booste […] Je donne le maximum »
Guillaume Cramont est la preuve qu’en rugby, les chemins les moins balisés peuvent mener au sommet. Et cette fin de saison pourrait bien être celle de la révélation.