Alors que le feuilleton du transfert de Melvyn Jaminet au Stade Toulousain en 2022 continue de susciter des remous, un autre dossier éclaire les méthodes parfois étonnantes utilisées à l’époque pour recruter discrètement au Biarritz Olympique.
Deux noms ressortent selon les informations de Sud-Ouest : Adrian Motoc et Thomas Sauveterre, arrivés au BO grâce à un schéma bien ficelé mêlant clause de libération, droits d’image et société écran.
Un recrutement freiné… puis débloqué autrement
Début 2022, le BO cherche à renforcer son effectif avec deux joueurs de Pro D2 : Thomas Sauveterre (Carcassonne) et Adrian Motoc (Aurillac). Problème : leurs clubs refusent de les libérer, malgré des clauses permettant leur départ vers un club de Top 14 pour 25 000 € (Sauveterre) et 30 000 € (Motoc). Carcassonne et Aurillac, convaincus que Biarritz sera relégué, s’opposent fermement.
La Ligue Nationale de Rugby tranche en faveur du BO, mais un autre obstacle persiste : pour contourner les charges sociales qu’impliquerait un versement direct aux joueurs, une autre solution est envisagée. « À partir du moment où Arnaud Dubois a trouvé cette solution, moi, je n’ai plus géré le truc », raconte Thomas Sauveterre via Sud-Ouest.
L’intervention d’Arnaud Dubois et d’une société à Tahiti
C’est là qu’entre en scène Arnaud Dubois, avocat impliqué dans le transfert de Jaminet, et la société Pacific Heart, enregistrée à Papeete et gérée par Cynthia Teinaore, également à la tête de Rugby Store NC. Un partenariat est signé avec le Biarritz Olympique en mars 2022, dans le cadre d’un événement caritatif pour le Royaume des Tonga.
Le club basque s’engage à verser 62 500 € hors taxes (75 000 € TTC) pour apparaître sur les supports de communication de l’événement. Problème : aucune trace du logo du BO sur les visuels de la manifestation. Pourtant, le virement est bien effectué depuis le compte du club, le 29 avril 2022 à 14h14.
Une mécanique huilée… et opaque
La somme couvre largement les clauses de départ des deux joueurs (55 000 €), le surplus servant à la création de “boîtes d’image” pour Motoc et Sauveterre. Ces derniers signent en parallèle des conventions de droits à l’image avec Rugby Store Pacific, censées justifier un versement de 33 000 € pour le premier et 27 000 € pour le second.
Mais ces opérations relèvent davantage de la façade : aucun des deux joueurs n’a participé aux événements stipulés dans le contrat. « Il doit participer à au moins un événement par an en Nouvelle-Calédonie ou à Tahiti », indique par exemple le contrat de Motoc. Ce ne fut jamais le cas.
Les fonds transitent ensuite via le compte Carpa d’Arnaud Dubois, censé garantir la sécurité financière des opérations juridiques.
Un schéma légal, mais dérangeant ?
Finalement, l’argent est bien arrivé aux clubs d’origine, et les deux joueurs ont pu signer au BO. Mais cette architecture financière, bien que redoutablement efficace, interroge sur sa transparence.
Entre montages offshore, droits d’image fictifs et opacité fiscale, l’affaire illustre la créativité déployée par certains acteurs du rugby professionnel pour contourner les règles économiques classiques. Un parfum de déjà-vu dans le sillage du transfert Jaminet.
Et cette fois encore, les questions s’accumulent… plus vite que les réponses.