Qualifié depuis déjà plusieurs semaines pour les demi-finales du Top 14 et assuré de terminer premier de la saison régulière, le Stade Toulousain est pourtant apparu méconnaissable samedi soir à Ernest-Wallon.
Battus à domicile par le Racing 92 (35-37), les hommes d’Ugo Mola ont affiché un visage brouillon, loin des standards qui font leur réputation.
Une alerte sans gravité ou un vrai signal avant la dernière ligne droite ?
Le record offensif ne suffit pas à masquer les lacunes
Avec 813 points inscrits en 24 journées, Toulouse est en passe de battre le record de points marqués en saison régulière (830, détenu par Clermont). Mais ce chiffre flatteur masque une réalité plus complexe.
Face au Racing, les Rouge et Noir ont concédé leur deuxième défaite à domicile cette saison, plombés par une indiscipline criante et une absence d’engagement que le staff a peu goûtée.
« Le rendu nous donne un goût amer », a reconnu Virgile Lacombe, entraîneur des avants. « Le rugby reste un sport de combat collectif et il y a eu trop de duels perdus ce soir, que ce soit dans les airs ou dans les rucks. »
Une prestation sans énergie, ni tranchant
Loin de l’intensité affichée la semaine précédente à Toulon, Toulouse a semblé emprunté et désorganisé. Ballons perdus dans les rucks, touches imprécises, fautes de main récurrentes… autant d’erreurs qui ont offert des munitions précieuses aux Franciliens.
Ugo Mola n’a pas mâché ses mots à l’issue de la rencontre, laissant éclater sa frustration devant les caméras.
« Avec l’engagement qu’on a pris dans la gueule, si on n’en met pas autant a minima… Pas un ballon pris, sept rucks perdus : les gars, vous pouvez m’expliquer ce que vous voulez, faire toutes les soirées que vous voulez… Chacun se regarde, vous avez huit jours pour revenir avec un autre état d’esprit. Sinon, on donne le Championnat comme on a donné la Coupe d’Europe. Bonne soirée ! »
Un discours musclé, destiné à provoquer un électrochoc.
Une semaine de repos… salvatrice ou piège ?
Le club haut-garonnais ne jouera pas le week-end prochain, un créneau initialement réservé à la finale de Champions Cup que l’UBB disputera à sa place. Une pause bienvenue pour soigner les corps – plusieurs joueurs sont sortis sur commotion, comme Roumat, Chocobares ou Epée – mais aussi les esprits.
« Il reste quatre semaines de compétition réelles », insiste Virgile Lacombe. « Tous les temps de repos et de récupération devront être des moments pour se vider la tête et se regarder dans le miroir. »
Un message relayé par les joueurs eux-mêmes, à l’image d’Anthony Jelonch :
« On sait qu’on ne peut pas faire des prestations comme ça. On a désormais une semaine pour se régénérer et revenir fringant. »
Un précédent que Toulouse ne veut pas revivre
En 2022, le Stade Toulousain avait connu une fin de saison douloureuse, échouant en demi-finales des deux grandes compétitions. Le spectre de cette désillusion plane encore au-dessus du groupe, et chacun semble bien décidé à ne pas reproduire les mêmes erreurs.
« Même en étant premiers et déjà qualifiés, on doit continuer à se remettre en question, c’est la loi du sport de haut niveau », martèle Lacombe.
Reste désormais à voir si cette défaite sans conséquence comptable aura su piquer l’orgueil des champions de France.
La réponse viendra à Lyon, le 1er juin.