Brillant avec ballon en main, souvent critiqué sans, Matthieu Jalibert semble aujourd’hui avoir trouvé le bon équilibre. À quelques jours de sa première finale européenne avec l’Union Bordeaux-Bègles, l’ouvreur international affiche des progrès nets en défense, fruit d’un travail acharné entamé dans l’ombre… avec un ancien treiziste.
Lors de la victoire face à Castres (34-29), Jalibert a une nouvelle fois enchanté les supporters girondins par son jeu d’attaque. Mais derrière ses arabesques se cache un tout autre chantier : renforcer une défense souvent pointée du doigt.
Son match raté face à l’Angleterre lors du dernier Tournoi des Six Nations, où il avait manqué cinq plaquages, reste encore dans toutes les mémoires. Ce jour-là, les Bleus s’inclinaient d’un petit point (26-25) à Londres.
Conscient de la nécessité de faire évoluer son profil, le Bordelais de 26 ans a décidé de s’en remettre à une ressource extérieure. « Il traversait une période compliquée et il est venu me voir pour qu’on travaille ensemble », raconte Aurélien Cologni via L’équipe.
Ancien international de rugby à XIII et sélectionneur de l’équipe de France (2016-2021), Cologni a intégré le staff de l’UBB en décembre dernier en tant que consultant, spécialisé dans le développement individuel des joueurs.
Au départ sollicité à titre personnel par Nicolas Depoortere, Cologni a rapidement convaincu une partie de l’effectif, jusqu’à gagner la confiance de Yannick Bru. Il intervient désormais deux jours par semaine, en complément du staff en place. « Mon rôle est d’adapter le travail technique fait à XIII pour le superposer au XV », précise-t-il.
La méthode est claire : partir des fondamentaux du rugby à XIII, très axés sur la technique individuelle, pour les appliquer au XV.
Pour Jalibert, cela passe par des séances ultra-précises. « Je lui ai dit, je ne veux pas travailler avec toi pour que tu coupes les mecs en deux, ce n’est pas ton ADN. Par contre, tu as une bonne attitude, tu as une bonne vision, tu as de la vitesse, il faut mettre ces qualités au service de la défense », explique Cologni.
Les ateliers sont pensés comme des séquences de haute précision : travail des appuis, coordination haut/bas du corps, posture, timing… « C’est un ensemble de petits détails qu’il faut répéter », poursuit-il. « Un travail à très basse intensité, presque au ralenti, pour que les mecs maîtrisent bien le geste, puis on intègre la vitesse et la densité des matches, en protégeant les joueurs et en plaçant des accessoires pour recréer les conditions de lancement de jeu adverse. »
Avant le Tournoi, Jalibert affichait un modeste 63 % de réussite au plaquage. Il pointe désormais à 75 %, un bond significatif pour un poste aussi exposé. Et lors de la demi-finale de Champions Cup face à Toulouse (35-18), le numéro 10 n’a manqué qu’un seul plaquage (6 sur 7), sur l’essai de Barassi, victime d’un mauvais alignement défensif avec Maxime Lucu.
Une transformation que valide pleinement son mentor :
« Matthieu est un très bon défenseur, il en a tout le bagage, c’est juste que ça dormait en lui. Il a fallu lui faire prendre conscience. Il a déjà passé deux étapes et il va en valider encore une ou deux de plus cette année. »
La prochaine étape justement, c’est samedi. Cardiff, 15 h 45. Une finale continentale face à Northampton pour décrocher un premier titre européen avec l’UBB. L’occasion parfaite pour prouver que Jalibert, désormais, sait tout faire.
