À 36 ans, Pierre Brousset s’impose comme l’un des nouveaux visages forts de l’arbitrage français. Celui qui a récemment dirigé un match du Tournoi des Six Nations à Twickenham et une demi-finale de Champions Cup à l’Aviva Stadium connaît un tournant dans sa carrière.
Pourtant, il garde la tête froide : « Je ne cours pas après ça », affirme-t-il à propos d’une éventuelle désignation pour une grande finale.
Une reconnaissance méritée
Cette saison marque clairement un cap pour le Rieumois. Non pas tant par ses performances – qu’il juge avec mesure – mais par les désignations prestigieuses qu’il enchaîne. « Avec l’arrêt de Mathieu Raynal, mon statut a changé. J’ai plus d’expérience et tout ça cumulé fait que tu as des désignations qui sont différentes », explique-t-il via La Dépêche.
Sans se laisser griser, Brousset estime que son arbitrage a gagné en maturité : plus de constance, de lucidité dans les moments clés et une gestion plus sereine de la pression.
Twickenham : le match qui fait grandir
Le match entre l’Angleterre et l’Écosse, remporté d’un point par les Écossais (16-15), a été un test grandeur nature. « Je pense que j’étais en contrôle, dans mon élément », se réjouit-il, tout en reconnaissant certaines erreurs.
Parmi elles, deux faits marquants : une décision sans appel vidéo sur un potentiel essai anglais, et un placement incorrect sur une transformation, qui pourrait avoir influencé le résultat. « Est-ce un manque de lucidité ou juste un simple hasard ? », s’interroge-t-il. « Cela fait partie des éléments à mieux gérer pour éviter toute frustration de l’équipe qui se sent lésée ».
Apprendre et rebondir
Ces moments d’imperfection, Brousset les assume pleinement. Il en fait même une force : « C’est en se trompant qu’on progresse ». Ce vécu l’a aidé à gérer la pression et les enjeux lors de la demi-finale européenne entre le Leinster et Northampton. « J’étais dans ma bulle, dans mon process », dit-il avec sérénité.
Lorsqu’il a refusé un essai crucial aux Irlandais en toute fin de match, il savait ce que cela impliquait : « Je savais que cette décision allait potentiellement décider de l’équipe qui va en finale. Il fallait être précis à 100 %. » Grâce à un travail collectif rigoureux, l’analyse s’est déroulée dans le calme. « On a bien déroulé la chronologie de la situation ».
Pas d’obsession pour la finale
S’il admet que « tous les arbitres rêvent de phases finales », il refuse d’en faire une obsession. « Ce serait se tromper d’objectif. Moi, ce qui m’importe, c’est d’être performant à tous les matchs », insiste-t-il.
Cap sur l’hémisphère sud
L’été s’annonce chargé pour Pierre Brousset. Il est désigné sur Australie-Fidji (6 juillet), officiera sur les Lions britanniques contre les Brumbies (9 juillet) et participera aussi à un match des Lions face à une sélection Australie/Nouvelle-Zélande, en tant qu’arbitre de touche. Il attend désormais les confirmations pour le Rugby Championship.