Alors que l’équilibre semblait trouvé entre la Ligue et la Fédération sur la mise à disposition des internationaux, la donne pourrait encore changer.
Selon les informations exclusives de Midi Olympique, plusieurs présidents de clubs de Top 14 militent pour réduire la taille du groupe préparatoire du XV de France.
Une revendication qui remet en question le mode de fonctionnement mis en place depuis plusieurs années.
La méthode Galthié menacée ?
Depuis son arrivée à la tête des Bleus, Fabien Galthié a construit son projet sur un groupe élargi de 42 joueurs. Un modèle inédit censé favoriser l’intégration progressive des talents, fluidifier la rotation et éviter les trous d’air en cas de blessure. Mais selon Midi Olympique, cette approche est aujourd’hui remise en cause.
Lors d’une récente réunion entre la FFR, la LNR et des représentants de clubs, certains dirigeants ont proposé de limiter ce groupe à 33 ou 34 joueurs. Une suggestion qui a surpris le sélectionneur, pour qui le dispositif à 42 semblait définitivement validé.
Et c’est le président de l’Union Bordeaux-Bègles, Laurent Marti qui aurait évoqué cette idée en premier lieu.
« La méthode à 42 nous permet d’élargir le potentiel de cette équipe, de préparer des joueurs susceptibles de rentrer dans l’équipe », expliquait Galthié à l’automne dernier. « On l’a vu avec Marko Gazzotti. Il a passé un mois avec nous, il a eu sa première cape en jouant une mi-temps face à l’Argentine. Romain Buros, venu avec nous régulièrement à Marcoussis, mais aussi en Australie (2021), puis au Japon (2022) ; il rentre contre les Blacks, il fait un super match. Cette méthode crée l’émulation et la qualité aux entraînements ».
Derrière la stratégie, une manœuvre contre Toulouse ?
La question dépasse largement l’enjeu sportif. Derrière ce débat, certains y voient une volonté de rééquilibrer les forces économiques au sein du Top 14, notamment face à l’hégémonie du Stade Toulousain.
Avec 11 joueurs classés dans la catégorie “Premium”, Toulouse a pu bénéficier en 2024 d’un bonus salary cap de près de 2 millions d’euros. Un avantage conséquent, rendu possible par une règle qui accorde 180 000 euros de crédit par international fréquemment sélectionné. En comparaison, l’UBB n’a perçu qu’un peu moins d’un million, avec six joueurs concernés.
Dans ce contexte, réduire le nombre de joueurs sélectionnables pourrait mécaniquement raboter ces bonus, et ainsi freiner les clubs les mieux pourvus en internationaux. Une manœuvre que certains observateurs décrivent comme “politico-sportive”, reflet des tensions internes au rugby français.
L’équilibre fragile entre clubs et sélection
Malgré les pressions, Galthié semble conserver le soutien des instances. Après une tournée d’automne 2024 ponctuée de trois victoires retentissantes contre l’Argentine, la Nouvelle-Zélande et le Japon, et un Tournoi 2025 remporté, difficile de remettre en cause un modèle qui fonctionne.
Les discussions continuent, mais selon plusieurs sources proches du dossier, les tentatives de retour à un format réduit ne suscitent plus autant d’écho qu’au départ. Le sélectionneur aurait su défendre son projet avec une efficacité certaine. « Cette méthode permet aux joueurs de performer rapidement. Sans période d’adaptation, avec des repères et des certitudes », rappelait-il après la tournée.
La guerre des nerfs entre la Fédération, la Ligue et les clubs est loin d’être terminée. Mais à court terme, le groupe de 42 semble avoir encore de beaux jours devant lui.