En 2014, loin des projecteurs et des projecteurs médiatiques, le Castres Olympique réalisait un coup magistral. Le club tarnais accueillait deux jeunes venus d’Auch, encore inconnus du grand public, mais promis à un avenir étincelant : Antoine Dupont et Anthony Jelonch.
À l’époque, les deux Gersois ne sont encore que des espoirs du rugby français, finalistes malheureux du championnat Crabos sous le maillot d’Auch. Mais leur potentiel saute aux yeux de ceux qui savent regarder.
Ce vendredi, Midi Olympique revient en détails sur les arrivées d’Antoine Dupont et d’Anthony Jelonch à Castres, en 2014.
Le duo Dupont–Jelonch, une amitié indissociable
La relégation du FC Auch Gers force les talents locaux à envisager un départ. Ce fut une rupture douloureuse, comme en témoigne le père d’Anthony Jelonch : “Ils voulaient gagner avec leurs copains et rester à Auch. Ça a été terrible de quitter le club qui descendait. Je n’entendais aucun d’entre eux dire qu’il voulait devenir professionnel.”
Dans les coulisses, Castres active alors son réseau. Serge Milhas, alors membre du staff du CO, est alerté par un ami : deux jeunes joueurs mériteraient toute son attention. L’entraîneur se rend sur place et observe les deux prodiges à trois reprises. “Ce n’était pas compliqué de voir que le potentiel était là. Il fallait être aveugle pour ne pas s’en apercevoir.”
Des premières discussions dans une maison chargée d’histoire
Le premier contact officiel entre le CO et le tandem a lieu dans un cadre inattendu : le domicile de Roger et Raymonde Bonaldo, proches des familles et figures bien connues du rugby local. “Roger et Raymonde étaient des amis de longue date des deux familles. C’était symbolique que les échanges se fassent chez eux.”
Autour de la table, les familles des deux jeunes, les dirigeants de Castres et Serge Milhas trouvent un terrain d’entente. Une double signature se profile.
Mais tout ne fut pas si simple. Antoine Dupont espérait à l’époque un signe d’un autre club mythique. “En fait, il espérait que Toulouse l’appelle. C’est ce qui a quelque peu retardé les discussions. Au final, le Stade toulousain ne l’a jamais contacté en 2014.”
Son coéquipier et ami, Anthony Jelonch, ne se posera pas la question longtemps : “C’est clairement Antoine qui a décidé où ils allaient poursuivre leur carrière (rires). Ils ne voulaient pas se séparer.”
Castres, une rampe de lancement
Une fois l’accord conclu, les deux jeunes rejoignent le Tarn et entament leur parcours en 2014. Accueillis par Serge Milhas lui-même, ils logent chez lui quelques temps : “Ils me faisaient rire car ils ne connaissaient pas beaucoup ma femme alors ils ne faisaient pas de bruit. Ils étaient très discrets.”
Le talent d’Antoine Dupont frappe rapidement les anciens. “Rémi Talès vient me voir après un entraînement et il me dit : C’est qui ce mec ? Il sort d’où ? en parlant d’Antoine. C’était assez impressionnant à voir.”
Trois saisons, deux trajectoires d’exception
Sous les couleurs du Castres Olympique, les deux Gersois vont faire bien plus que confirmer les espoirs placés en eux. Ils s’imposent comme des éléments majeurs de l’équipe première et attirent rapidement l’attention du staff tricolore.
“Je crois que j’étais le seul à me rendre compte des deux bombes qui venaient de s’engager”, confesse aujourd’hui Milhas avec le recul.
Trois ans plus tard, Dupont prend la direction du Stade Toulousain, tandis que Jelonch poursuit l’aventure tarnaise encore quelques saisons. Tous deux deviendront des cadres des Bleus, figures emblématiques d’une génération dorée… dont l’histoire, comme souvent, a commencé dans le plus grand anonymat.
