À seulement 21 ans, Louis Bielle-Biarrey a conquis le cœur des supporters tricolores, bousculé la hiérarchie du XV de France, et fait trembler les défenses adverses. Mais derrière ce phénomène du rugby moderne, se cache un étudiant appliqué, un jeune homme discret… et un redoutable joueur d’échecs.
Son casque rouge est devenu un repère incontournable sur les pelouses de Top 14 et des plus grandes arènes européennes. Bielle-Biarrey, l’ailier virevoltant de l’Union Bordeaux-Bègles, s’est hissé en un éclair parmi les figures majeures du rugby mondial.
Huit essais lors du dernier Tournoi des Six Nations, une récompense de “meilleur joueur de la compétition”, et un trophée en poche aux côtés des Bleus : la fusée iséroise n’en finit plus de grimper.
Mais malgré la lumière, l’homme reste à l’ombre. « Cela se fait un peu malgré lui. Ce n’est sans doute pas quelque chose qu’il recherche », confie son agent Jérôme Chabran via L’équipe. « Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, il n’avait pas forcément perçu les enjeux que ça pouvait représenter ».
Résultat : une exposition médiatique strictement contrôlée, des invitations refusées à Quotidien ou C à vous, et une seule apparition prévue… dans Paris Match.
Un rugbyman, un étudiant, un passionné
Loin des projecteurs, Bielle-Biarrey poursuit ses études à la Kedge Business School de Talence, entre deux entraînements avec l’UBB. Entré directement en 2e année de Bachelor après un passage par un IUT, il suit un programme aménagé mais exigeant.
« On lui fabrique du sur-mesure qui peut être décalé », explique Arnaud Lacan, son professeur et référent. « Même si c’est décliné différemment, il a exactement les mêmes enseignements et les mêmes évaluations que les autres élèves ».
Ce cadre rigoureux, Louis l’a accepté sans hésiter. « Lors de son entretien de recrutement, j’ai tout de suite dit à Louis qu’on ne lui donnerait pas un diplôme au rabais. Il m’a répondu qu’il ne savait de toute façon pas vivre autrement… »
Une exigence qui porte ses fruits : « Il peut très facilement aller chercher un bac +5. Il comprend tout et vite. Il est toujours au bon endroit, avec la bonne posture, comme sur le terrain… »
Le roi Louis… des échecs
Quand il quitte les terrains et les salles de cours, c’est pour mieux se concentrer sur ses autres passions. Avec ses amis proches – Nicolas Depoortere, Marko Gazzotti, ou encore Pierre Bochaton – les soirées se partagent entre fous rires et parties de cartes. Mais c’est dans la stratégie silencieuse des échecs que Bielle-Biarrey excelle.
« Il adorait déjà ça quand il était gamin », révèle son père. Depuis plus d’un an, il a intensifié la cadence. « Damian Penaud a picousé un peu tout le monde. Il m’a challengé deux, trois fois, mais il est aussi au-dessus de moi. Louis, lui, a dépassé les 1600 Elo », s’enthousiasme son président, Laurent Marti. À titre de comparaison, un joueur occasionnel dépasse rarement les 1000.
Réponse du principal intéressé : « C’est vrai, mais je stagne… » Toujours perfectionniste, toujours discret.
L’équilibre parfait
Malgré sa notoriété croissante – plus de 220 000 abonnés sur Instagram – Bielle-Biarrey reste un modèle de simplicité. « C’est le joueur que tu rêves d’avoir dans ton club. Il est câblé, sympa et ne se prend pas pour un autre », glisse Marti.
Une image de « gendre idéal » que valide aussi son entourage éducatif. « Il est modeste, travailleur et gentil. À aucun moment, il n’a mis en avant son statut », souligne Lacan.
Une trajectoire ascendante… et maîtrisée
Alors que la finale de Champions Cup face à Northampton approche, Louis Bielle-Biarrey avance avec une maturité rare. Il impressionne balle en main, progresse balle après balle sur l’échiquier de sa vie, et poursuit ses études avec rigueur. À bientôt 22 ans, il incarne ce que le rugby français peut produire de mieux : du talent, de la tête et du cœur.
Un équilibre précieux. Une étoile bien ancrée dans le réel.
