Ce samedi à Cardiff, l’Union Bordeaux-Bègles a inscrit son nom au sommet du rugby européen avec une victoire maîtrisée face à Northampton (28-20) en finale de la Champions Cup. Un sacre historique, marqué par l’excellence de Damian Penaud, couronné meilleur joueur de la saison 2024/2025 par l’EPCR.
L’ailier tricolore, véritable dynamiteur des défenses, a livré une campagne hors normes, ponctuée par 14 essais, dont un doublé décisif en finale, et des performances éclatantes qui ont marqué les esprits.
Mais pendant que le rugby français rayonne sur la scène continentale, une ombre plane sur l’avenir du sport à l’échelle mondiale. Brian O’Driscoll, légende irlandaise aux 133 sélections, a livré une analyse sans détour sur la santé financière du rugby dans une interview à Planet Rugby.
Revenant sur la Coupe du monde 2019 remportée par l’Afrique du Sud, il souligne à quel point le timing a été providentiel :
« Le Covid n’a pas impacté la Coupe du monde en 2019. Il est arrivé trois ou quatre mois plus tard. Je n’ose pas imaginer où en serait notre sport si la Coupe du monde avait eu lieu pendant ces deux ou trois années de Covid, de confinements ou de stades vides. »
O’Driscoll va plus loin, évoquant les séquelles encore visibles laissées par la pandémie :
« Cela aurait vraiment pu mettre fin au jeu tel que nous le connaissons. Le fait que nous ayons évité cela, même s’il y a quand même eu des répercussions dont nous subissons encore les effets, que nous essayons toujours de garder la tête hors de l’eau, cela montre qu’un changement est nécessaire. »
Son constat est sans appel : la situation économique du rugby mondial est fragile, comme l’ont démontré récemment les faillites retentissantes de clubs anglais tels que les Wasps. Et la France, pourtant vitrine du rugby européen avec un Top 14 flamboyant, ne serait pas à l’abri.
L’ancien centre du Leinster alerte :
« En France, le Top 14 semble se porter bien, mais de toute évidence, le contrat de diffusion va être considérablement réduit, comme c’est le cas partout dans le monde. »
Si Canal+ a prolongé ses droits pour la diffusion du Top 14 et de la Pro D2 jusqu’en 2032, avec un accord grimpant à 139,4 millions d’euros par saison, cette manne télévisuelle pourrait ne pas suffire à endiguer les tensions économiques. Une inquiétude qui contraste avec l’euphorie bordelaise.
Ainsi, alors que Damian Penaud et l’UBB fêtent leur ascension sur le toit de l’Europe, l’univers du rugby professionnel semble toujours en quête d’un équilibre durable. Un rappel brutal que derrière les trophées et les exploits, l’avenir du jeu reste plus incertain que jamais.