Le lendemain de leur triomphe face à Northampton à Cardiff, les joueurs de l’Union Bordeaux-Bègles ont offert à leurs supporters une parade inoubliable dans les rues de la ville, ponctuée par une marée humaine place des Quinconces. Une communion intense, à la hauteur d’un exploit historique.
L’image est saisissante : Yannick Bru, bras levé, contemple la foule dense et bruyante devant lui. Le manager girondin, pourtant habitué aux sacres, reste bouche bée : « Je crois que je n’avais jamais vécu ça dans ma carrière. » Un aveu fort, venant d’un homme couronné maintes fois avec le Stade Toulousain.
Une ferveur sans précédent
Depuis les premières heures de l’après-midi, la fête a envahi Bordeaux. Après une escale protocolaire à la mairie, les champions d’Europe ont embarqué à bord d’un bus à impériale. Mais ce qui les attendait dépassait largement leurs attentes.
« À ce moment-là, on a pris une claque », souffle Arthur Retière, lunettes de ski sur le nez. Mahamadou Diaby abonde via Le Parisien : « On savait que les gens attendaient un titre, mais honnêtement, pas autant que ça. […] Ce sont des choses qui n’existent pas partout. Maintenant, quand on va mettre le maillot avec l’étoile, on saura qu’on porte le poids d’une ville et qu’on a énormément de soutien derrière nous. »
L’émotion était partout, jusque dans les yeux de Laurent Marti. Le président de l’UBB, figure de l’ombre devenue icône du jour, peinait à y croire : « On voit tout ce monde et on se dit que c’est hallucinant. Tous heureux, des enfants, des grands, des jeunes, des vieux… C’était magique. Magique. »
Une scène, une étoile, un peuple
À mesure que le bus progressait dans un centre-ville redessiné aux couleurs de l’UBB, l’ambiance s’intensifiait. Puis, sur la grande scène des Quinconces, les héros ont été appelés un à un, sous les acclamations. Plus qu’un simple défilé, une véritable ovation populaire.
Maxime Lucu, pourtant blessé et visiblement diminué, a tenu à se présenter devant ses fans. Apparu d’abord en béquilles, puis brièvement en fauteuil roulant, il a été le plus chaleureusement applaudi. Le club a précisé qu’il s’agissait « d’une simple béquille subie après le match », sans plus de détails.
Dans un moment fort en émotion, Damian Penaud et Louis Bielle-Biarrey ont rejoint la scène main dans la main, reformant « la Patrouille de France » qui a tant fait vibrer le public cette saison. « On voulait ramener ce trophée, ça faisait longtemps que le club courait après, […] et ça fait vraiment plaisir d’y arriver maintenant et de réunir autant de Bordelais aux Quinconces », confie Bielle-Biarrey, encore ému.
L’après-fête : un relâchement… maîtrisé
Après cette célébration populaire, l’équipe a poursuivi en privé avec ses proches, et la fête devrait durer encore « deux, trois jours », selon les dires des joueurs. Mais pas question de lever le pied durablement : un déplacement à Toulon attend l’UBB dès dimanche. Marti s’amuse de la situation : « Il est possible que je rejoue et Yannick (Bru) aussi ! […] On honorera le maillot, c’est sûr. »
Car ce titre n’est pas une fin, mais un nouveau départ. « Ce titre est un objectif atteint […] mais ce n’est pas un aboutissement », avertit le président bordelais. La perspective est claire : ne pas s’endormir sur les lauriers.
Et Romain Buros de conclure, lucide et ambitieux : « Cette chape de plomb qu’on pouvait avoir, on ne l’aura plus désormais. » Bordeaux a enfin goûté au bonheur d’un sacre européen.
Selon Le Parisien, l’UBB retrouvera le chemin de l’entraînement mercredi afin de préparer le choc face à Toulon, programmé dimanche soir au Stade Mayol, dans le cadre de la 25ème journée du Top 14.
