À Bordeaux, l’Union Bordeaux-Bègles ne se contente plus de jouer au rugby : elle bâtit un modèle économique ultra-segmenté qui lui permet de dominer en dehors du terrain. Le club girondin a fait de son offre de sponsoring une véritable science, capable de séduire aussi bien les grandes entreprises que les PME locales, grâce à une gamme de prestations aussi vaste que ciblée.
Le journal Sud-Ouest révèle comment l’UBB a bâti son modèle économique, en partie, sur lon offre de sponsoring et les partenaires.
Des loges VIP au stade Chaban-Delmas ou au Matmut Atlantique — proposées entre 40 000 et 75 000 euros la saison — jusqu’au pack Club XV à 1 800 euros par personne, les options sont nombreuses. Entre les deux, une multitude de formules, à géométrie variable, permettent aux entreprises de toutes tailles de s’offrir un peu de l’ADN de l’UBB.
Et pour les expériences les plus exclusives, « Le Vestiaire », un salon premium inspiré de l’histoire du stade Lescure, offre une immersion unique : caviar, foie gras, maillot personnalisé, visite du couloir des joueurs avec une star de l’équipe, photo sur le banc… le tout pour 11 000 euros la soirée.
La visibilité est également à vendre, partout et sous toutes ses formes. De la chasuble des ramasseurs de balle (22 000 €) aux maillots des UBB Girls (40 000 €), des mascottes (50 000 €) à la tenue du staff (80 000 €), tout est monétisé. Même les statistiques ou les highlights sur les réseaux sociaux sont sponsorisables, entre 16 000 et 20 000 € la saison.
Mais le vrai moteur du réseau UBB, c’est l’UBB Business Club : 800 membres, près de deux événements par mois, et un carnet d’adresses qui s’étoffe au fil des garden-parties, séminaires, tournois de golf ou soirées de gala. Un terreau fertile pour le business, qui attire bien au-delà du rugby.
Le modèle fonctionne : le sponsoring génère plus de 16 millions d’euros par saison, soit 52 % des revenus totaux de l’UBB — loin devant la billetterie (21 %) et les droits TV (18 %). Boosté par le titre en Champions Cup, le merchandising (encore sous la barre des 9 %) est appelé à décoller.
Et l’attractivité médiatique suit : 350 articles publiés dans la presse, 16 millions de téléspectateurs cumulés, plus d’un million d’abonnés sur les réseaux, 100 % de matches à guichets fermés à Chaban-Delmas. L’UBB, c’est désormais bien plus qu’un club de rugby : c’est une marque, un réseau, une vitrine économique.
À 600 kilomètres de là, Bernard Lemaître se heurte à une équation plus complexe. Malgré des efforts notables pour redonner du souffle à la marque RCT, les problèmes structurels restent criants. Stade Mayol, joyau historique mais vétuste, devient un frein à l’ambition.
Les loges se font rares, l’offre hospitalité limitée, la visibilité commerciale contrainte. Là où l’UBB séduit les décideurs économiques avec des salons caviar et des garden-parties, Mayol peine à proposer une expérience premium digne du Top 14 actuel. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que le président Toulonnais Bernard Lemaitre a émis, récemment, l’idée de faire évoluer le Stade Mayol ou bien de quitter l’enceinte Toulonnaise.
Le président toulonnais l’a reconnu à demi-mot : sans un nouveau stade ou une transformation profonde de l’existant, difficile de concurrencer les modèles de clubs comme Bordeaux. Les recettes issues du sponsoring, même si elles existent, restent très inférieures à celles des locomotives économiques du championnat.