L’ère dorée du Stade Rochelais vient de subir un sérieux coup d’arrêt. Pour la première fois depuis 2018, le club maritime ne participera pas aux phases finales du Top 14. Une réalité brutale que Ronan O’Gara, son manager, assume pleinement.
Au lendemain d’une défaite sans appel à Pau (32-18), l’Irlandais n’a pas fui ses responsabilités et a ouvertement remis en question les fondations d’un modèle qui a, jusqu’ici, fait la gloire du club.
Installé en tribunes, suspendu par la FFR, O’Gara a vu son équipe s’effondrer sans pouvoir intervenir : « Chez nous, le coach a manqué aux joueurs. Il est suspendu, dans la tribune, avec zéro impact. Il ne peut pas faire son boulot. Le plus responsable c’est moi. Je suis frustré, énervé, déçu mais je suis le premier et le seul coupable. J’essaie de travailler sur ça. »
Le choc est d’autant plus rude que le Stade Rochelais sort d’un cycle faste : deux titres de Champions Cup (2022, 2023), une finale de Top 14 l’an passé, et une réputation bâtie sur une puissance collective redoutée de tous. Mais cette saison, la machine s’est grippée. Éliminé prématurément en Champions Cup par le Munster, puis balayé de la course au Bouclier, le club n’a jamais retrouvé sa pleine mesure.
« Je ne m’attendais pas à ça, c’est une grande claque », a lâché O’Gara via L’équipe, après la rencontre. « Il y a beaucoup de questions. Comment peut-on jouer comme ça dans un match aussi important ? (…) On pensait juste arriver et faire le job, mais le sport, heureusement ou malheureusement, n’est pas comme ça. »
Cette saison en dents de scie a laissé apparaître un mal plus profond : un groupe en perte de repères, oscillant entre volonté de changement de style et retour au jeu frontal. Le Stade a tenté de se réinventer sans jamais vraiment y parvenir, avant de renouer tardivement avec une série de victoires – trop tard.
O’Gara l’admet sans détour : « C’est une fin de cycle. (…) Ce qui a marché jusqu’à maintenant, c’est terminé. Ça ne va plus marcher. » Plusieurs cadres quittent le navire (Dulin, Rhule, Kerr-Barlow, Colombe, Thomas, Païva), et une nouvelle vague s’annonce, emmenée par les recrues Le Garrec, Niniashvili, Pacome et Lagivala. L’objectif : insuffler une énergie nouvelle et relancer la dynamique.
« On a besoin de trouver une formule pour retrouver un niveau normal de motivation, d’ambition. On a besoin d’un nouveau départ avec de nouveaux joueurs pour créer une émulation interne », poursuit-il.
Malgré la tempête, O’Gara reste ancré au port : « Si je n’avais pas la motivation, j’irais serrer la main de Vincent Merling mais ce n’est pas le cas. » Une réunion interne avec les joueurs l’a conforté dans sa position, et des ajustements sont à venir dans le staff. Parmi les pistes évoquées, Brice Dulin, tout juste retraité, pourrait rejoindre le centre de formation, tandis que Baptiste Gatuin, entraîneur des trois-quarts Espoirs, intéresse le staff pro.
Et même dans la tourmente, l’ex-ouverture du Munster garde sa lucidité mordante : « On parle toutes les semaines de discipline, mais il est où leur coach ? » Une phrase qui résume son impuissance à Pau, mais aussi sa volonté de redevenir l’élément moteur de la reconstruction rochelaise.
Le Stade Rochelais tourne une page. Le prochain chapitre, lui, s’écrira dès cet été.
