Figure incontournable du rugby français, William Servat s’est récemment exprimé depuis les locaux de La Dépêche du Midi à Toulouse.
L’ancien talonneur du Stade Toulousain, aujourd’hui en charge des avants et de la mêlée du XV de France, a livré une analyse sans langue de bois sur la tournée estivale en Nouvelle-Zélande, les équilibres délicats entre club et sélection, et les ambitions du rugby hexagonal. Un entretien rare, à quelques semaines d’une séquence décisive.
Des Bleus en forme, mais pas à n’importe quel prix
Alors que la tournée en Nouvelle-Zélande s’annonce intense, le staff du XV de France est confronté à un casse-tête bien connu : faut-il emmener ses cadres au bout du monde après une saison éreintante ? Pour William Servat, la réponse est nuancée.
« La première question à se poser concerne évidemment la santé des joueurs », rappelle-t-il, en évoquant des cas concrets comme celui d’Anthony Jelonch. « Il y a des joueurs qui sont fatigués, d’autres qui sortent de blessure, ou qui n’ont peut-être pas eu de vacances depuis deux ans. »
Mais la fatigue n’efface pas la fierté. « Je crois que c’est une fierté pour les joueurs de venir porter haut les couleurs de l’équipe de France. Les tournées, il faut avoir envie d’y aller, de participer, et surtout avoir envie de représenter son pays. »
Top 14 : cinq finalistes en Bleu, un compromis salué
Un accord récent entre la FFR et la LNR limite à cinq le nombre de joueurs finalistes du Top 14 pouvant participer à la tournée. Une restriction saluée par Servat, qui y voit un pas en avant dans les relations entre clubs et sélection.
« Déjà, avoir trouvé des accords pour faire en sorte que des finalistes puissent nous rejoindre, c’est fantastique », estime-t-il. « Les joueurs, vous savez, ils ne sont pas divisés entre le club et l’équipe de France. Ce sont les mêmes joueurs. Et ne pas agir dans leur sens, bien évidemment, serait une hérésie. »
Ce pragmatisme, le technicien toulousain le partage avec l’ensemble du staff tricolore, convaincu que « tout le monde est suffisamment intelligent et de bonne composition pour faire en sorte que cela continue. »
Une tournée qui se prépare… dans l’ombre
Le groupe pour cet été en Nouvelle-Zélande n’est pas encore officiel, mais les grandes lignes sont déjà tracées. Les joueurs potentiellement concernés ont été informés en amont pour anticiper la logistique et la préparation.
« Bien sûr que les joueurs qui seraient éventuellement candidats et possibles élus pour faire partie de cette tournée d’été sont prévenus. » Une démarche anticipée, mais respectueuse des priorités de fin de saison : « Avant ça, ils ont, bien évidemment, tout à se consacrer à leur club et à leurs objectifs : celui d’être champion de France à la fin de la saison. »
Car Servat le sait : dans le cœur des joueurs, l’histoire commence souvent par le Bouclier. « Le bouclier, c’est quand même particulier. On avait tous à cœur, par le passé, de gagner en premier lieu le Bouclier, et après, la tournée avec l’équipe de France c’est aussi une récompense. »
