Le marché des transferts hexagonal reste peu agité lorsqu’il s’agit des joueurs du XV de France. En effet, rares sont ceux qui changent de club en cours de carrière. Pourtant, l’intersaison 2025 s’annonce plus mouvementée que prévu avec dix internationaux tricolores en partance pour une nouvelle aventure.
Et dans ce jeu très fermé, l’Union Bordeaux-Bègles (UBB) s’impose comme la grande gagnante.
Un mercato ultra sélectif
Sur les 37 internationaux français concernés par une potentielle bascule contractuelle, seuls dix prendront effectivement un nouveau départ cet été. Une donnée qui souligne à quel point les joueurs ayant porté le maillot frappé du coq sont des actifs rares et chèrement défendus par leurs clubs respectifs.
Longtemps, ce marché semblait déjà figé. Jusqu’à ce que deux mouvements viennent bousculer les lignes la semaine dernière : Cameron Woki fait son retour retentissant à Bordeaux, et Thomas Laclayat s’engage avec la Section Paloise.
Deux transferts qui confirment une vérité connue des insiders : les tractations impliquant des Bleus se jouent bien en amont de l’intersaison, dans l’ombre et à grande vitesse. Nolann Le Garrec en est la preuve : son départ du Racing 92 pour La Rochelle avait été officialisé… dès le mois d’août dernier.
Bordeaux mise sur la continuité… et sur les Bleus
Déjà dotée d’une ligne arrière baptisée « Patrouille de France », l’UBB de Laurent Marti continue de muscler son projet en attirant de nouveaux internationaux, notamment dans le pack. Gaëtan Barlot (ex-Castres), Boris Palu (Toulouse), et Cameron Woki (Racing 92) viendront renforcer un groupe déjà ambitieux.
Ce retour de Woki au Ceva Campus n’est pas une surprise totale : les rumeurs d’un comeback circulaient depuis l’été dernier. Mais il incarne parfaitement l’orientation stratégique du club girondin, qui veut allier identité française et performance de haut niveau.
Ce pari sur le « bleu, blanc, rouge » se double d’une volonté de stabilité avec les prolongations de contrats actées pour plusieurs cadres tricolores : Matthieu Jalibert – dont la situation contractuelle a longtemps alimenté les chroniques – a rapidement scellé son avenir à l’automne. Le demi d’ouverture n’a jamais caché son attachement au projet bordelais. « Je voulais continuer ici, on a construit quelque chose de fort », affirmait-il à l’époque.
Derrière lui, d’autres internationaux ont rempilé : Cyril Cazeaux, Yoram Moefana, Nicolas Depoortere et Jefferson Poirot, ce dernier ayant toutefois tiré un trait définitif sur le XV de France depuis plusieurs saisons.
Toulouse reste dans la course
Face à cette accélération girondine, Toulouse ne reste pas les bras croisés. Si le club rouge et noir n’a pas autant bougé que son rival, il continue de faire valoir son attractivité. Même si Bordeaux semble prendre une longueur d’avance sur le terrain du recrutement d’internationaux, les champions d’Europe gardent un œil sur les prochaines fenêtres de tir selon Midi Olympique.
Preuve que le marché reste instable : le cas du pilier Tevita Tatafu. Annoncé tout proche de Bordeaux, l’international franco-tongien a finalement prolongé avec Bayonne, après plusieurs semaines de discussions intenses. Une volte-face qui en dit long sur la complexité du marché.
Un mercato sous haute tension
Dans un Top 14 toujours plus compétitif, chaque signature d’un joueur international est une victoire politique autant que sportive. Et Bordeaux semble avoir trouvé le bon tempo. En verrouillant ses cadres et en renforçant ses lignes avec des noms estampillés XV de France, l’UBB envoie un signal fort : il faudra compter sur elle non seulement en championnat, mais aussi sur la scène européenne.
Derrière les annonces discrètes et les décisions anticipées, c’est toute une stratégie qui se dessine. Et si les internationaux français sont si peu nombreux à bouger, c’est bien parce qu’ils sont devenus les pièces maîtresses d’un rugby où l’équilibre entre continuité, ambition et identité nationale reste plus que jamais la clé du succès.