Le match de la dernière chance entre Grenoble et Perpignan, disputé samedi soir au Stade des Alpes, a basculé bien au-delà du terrain.
Si l’USAP a arraché son maintien en Top 14 dans la douleur (13-11), la rencontre a surtout été marquée par des tensions en tribunes et des échauffourées en fin de match, ternissant un événement censé célébrer les valeurs du rugby.
Ambiance électrique avant le coup de sifflet final
Dès les premières minutes, le ton était donné. L’ambiance dans les tribunes, pourtant réputée cordiale dans l’univers ovale, s’est rapidement chargée de tensions. Le jeune Raphaël, supporter catalan, était venu encourager les siens avec quelques amis.
Ce supporter s’est confié via Midi Olympique :
« Je n’étais pas avec les autres supporters catalans, j’étais au niveau des 40m avec trois autres amis. L’ambiance était globalement bonne enfant, avec une majorité de Grenoblois mais certains nous ont insultés et nous ont jeté de la bière dessus. Ils étaient frustrés. »
Au sein du kop de l’USAP, confiné derrière un filet de protection imposé par les normes du football, les tensions sont également montées d’un cran.
« Ils s’agrippaient au filet et nous faisaient des doigts d’honneur. Il y avait des provocations, une ambiance hostile », confie un autre supporter sang et or. Les caméras de Canal+ n’ont d’ailleurs pas manqué de capter ces gestes déplacés au moment de la pénalité décisive de Tommaso Allan.
Une célébration qui tourne au chaos
C’est après la victoire catalane que la situation a dégénéré. Des supporters de Perpignan ont envahi la pelouse, portés par l’euphorie du maintien. Une scène pourtant permise selon Raphaël : « Les portes étaient ouvertes. J’ai demandé à une personne de la sécurité si on pouvait entrer et elle nous a dit oui. »
Mais la liesse a rapidement laissé place à la confusion. Selon Daniel, membre du club de supporters grenoblois Les Mammouth Fans FCG, les premières tensions auraient éclaté après un geste isolé : « Je n’étais pas présent, mais des amis m’ont dit qu’un supporter de Perpignan a jeté un pichet de bière à la figure d’un de nos joueurs (Zack Gauthier). C’est ce qui a déclenché les hostilités sur le terrain. »
Une minorité qui ternit la majorité
Deux altercations distinctes ont été observées, vite contenues par les forces de l’ordre présentes dans l’enceinte. Si les CRS ont rapidement maîtrisé la situation, plusieurs témoins rapportent des bousculades et des coups échangés. Raphaël se souvient : « Un Catalan a mis un coup à un Grenoblois. »
Mais il insiste également sur la volonté d’apaisement d’une majorité de supporters : « Une majorité de supporters catalans essayait de calmer les quelques dégénérés, sans doute alcoolisés, qui ne voulaient pas perdre la bagarre. »
Les supporters de Perpignan interrogés tiennent aussi à souligner le rôle efficace et mesuré de la sécurité : aucune agressivité, un encadrement strict pour éviter que les incidents ne dégénèrent.
Des gestes d’apaisement après la tempête
À la sortie du stade, l’atmosphère s’est peu à peu détendue. Raphaël se souvient d’un échange improbable avec un supporter adverse : « En dehors du stade, j’ai retrouvé une personne qui m’avait insulté pendant le match et nous avons parlé calmement. » Il raconte également avoir vu deux Grenoblois se battre entre eux sur le parvis : « Je me demande si ces gens peuvent être vraiment des supporters… »
Un match qui laissera des traces
Ce barrage, déjà tendu sur le plan sportif, restera aussi dans les mémoires pour ses débordements extra-sportifs. Dans une discipline qui revendique l’esprit de respect et de camaraderie entre fans adverses, les événements du Stade des Alpes sonnent comme un avertissement.
Un match de rugby se joue à 30 sur le terrain… mais il se vit aussi dans les tribunes. Et parfois, malheureusement, les plus beaux scénarios laissent place aux pires débordements.
