À quelques jours de la demi-finale de Top 14 face au RC Toulon, le pilier gauche de l’Union Bordeaux-Bègles, Jefferson Poirot, a livré une analyse lucide et sans détour de la dynamique girondine à Midi Olympique.
Champion d’Europe depuis le 24 mai, le capitaine de l’UBB met en garde contre toute forme de relâchement, tout en se félicitant du travail effectué lors du stage de préparation à Capbreton.
Le joueur insiste sur l’effet bénéfique de la semaine sans match après une série éprouvante de rencontres. Extrait :
« Elle nous a fait du bien parce qu’on a pu un peu faire le bilan de notre saison régulière. On a pu aussi se reposer par rapport au fait que nous avions enchaîné 13 semaines de compétition avec les phases finales de Champions Cup. Forcément, nous étions arrivés à un point où ça tirait un peu sur les organismes. On avait quelques blessés, ça nous a permis de remettre un peu tout le monde sur pied. Ça nous a permis de faire le bilan mais aussi de nous remettre à flot au niveau de la fraîcheur. »
Jefferson Poirot admet que cette coupure fut un luxe inhabituel dans le parcours de l’UBB. Extrait :
« C’est un luxe, honnêtement. Sur le coup, pendant la semaine, c’est un luxe. Après, en regardant les matchs de barrage, la tension monte forcément un peu. On se dit qu’on espère qu’on ne sera pas dans le dur au niveau du rythme, même si on a enchaîné beaucoup de matchs. Mais sur le coup, c’est un vrai luxe d’avoir une semaine sans cette tension du barrage. C’était la première fois qu’on le vivait et c’est vrai que cette coupure nous a fait du bien. »
Il identifie ensuite précisément les raisons pour lesquelles Toulon a posé problème cette saison. Extrait :
« C’est une équipe sur l’aspect défensif, notamment des rucks, qui nous ressemble. C’est une équipe qui cherche à gagner cette bataille du ballon au sol. Elle nous prive un peu de vitesse, de notre jeu rapide, des sorties de rucks rapides. C’est une équipe aussi très physique, donc difficile à appréhender. Le match à Chaban, en plus, était le 27 ou 28 décembre sous un brouillard terrible. Forcément, ça nous convient un peu moins. C’est une équipe qui est physique, accrocheuse, qui ne lâche jamais rien. »
Et de conclure avec une mise en garde : le titre européen ne garantit rien en Top 14. Extrait :
« Je pense qu’il faut complètement l’oublier. Ça serait très dangereux de penser que parce qu’on est champion d’Europe, il y a quelque chose qui nous est dû dans le championnat. On sait que ce sont deux compétitions bien différentes. Aujourd’hui, en Top 14, on est toujours des puceaux. On va dire qu’on n’a rien gagné. Donc voilà, il faut se remettre à cette position. Et là, aujourd’hui, on va jouer une équipe de Toulon qui, historiquement, a marqué ce championnat. Ce qui n’est pas le cas de l’UBB. »
Dans les propos de Jefferson Poirot transparaît une lucidité salutaire : Bordeaux-Bègles ne veut pas être une étoile filante européenne, mais bien une place forte durable du rugby français. Le rendez-vous avec Toulon sera le véritable juge de paix.