Alors que la saison 2024-2025 touche à sa fin, le président de la Ligue Nationale de Rugby, Yann Roubert, dresse un constat lucide sur l’état économique du rugby professionnel. Si la discipline jouit d’un réel engouement populaire, tant dans les stades que sur les écrans, la situation financière de nombreux clubs reste préoccupante.
« Le rugby français est sur une très bonne dynamique, tant au niveau des droits TV, des partenaires, des fréquentations dans les stades, des audiences devant la télévision », souligne Roubert via La Dépêche. « Il faut bien sûr s’en réjouir […] mais il faut être lucide : il y a 76 millions d’euros de déficit d’exploitation cumulé dans les 30 clubs professionnels français. »
Un chiffre qui interpelle et qui pousse les instances à réfléchir à des mécanismes de régulation plus stricts. Parmi les leviers envisagés : le salary cap, plafonnement de la masse salariale des clubs, qui pourrait être davantage encadré et même revu à la baisse dans les années à venir.
« Le salary cap est un garde-fou essentiel, à la fois pour l’équité dans nos compétitions et pour la durabilité des clubs. Il faut bien sûr le renforcer et le faire respecter », rappelle le président de la LNR. Un débat est d’ailleurs prévu avec les présidents de clubs d’ici la fin de l’année, afin d’ajuster les modalités de ce plafonnement à l’horizon 2027-2028.
À ce jour, le plafond est fixé à 10,7 millions d’euros, hors crédits internationaux, et ne changera pas avant la saison 2027-2028. Toute évolution – notamment une baisse – devra être « raisonnée et progressive », insiste Roubert. Mais au-delà du simple montant, ce sont les sanctions pour non-respect qui s’apprêtent à évoluer drastiquement.
Des sanctions immédiates et sévères envisagées
Roubert entend agir dès la saison prochaine. Il prévoit de soumettre au comité directeur des 20 et 21 juin un renforcement du barème disciplinaire.
Parmi les mesures évoquées : interdiction de recrutement, amendes, retrait de points voire relégation.
« Oui, j’aimerais qu’on aille le plus rapidement possible », assure-t-il. « Ce sera soumis au comité directeur pour une application aussi vite que possible. »
Et ces sanctions pourraient concerner n’importe quel club, y compris les plus prestigieux. À l’image des Saracens en Angleterre, rétrogradés pour non-respect du salary cap, un géant du Top 14 pourrait, en cas d’infraction grave, être sanctionné sportivement, à l’image du Stade-Toulousain récemment rattrapé par la patrouille.
« Ce n’est pas personnalisé mais valable pour n’importe quel club qui serait en infraction. […] Il y aura un barème de sanctions […] qui pourrait aller jusqu’à une relégation potentiellement », détaille Roubert, en précisant que la décision reviendra à une commission de discipline indépendante.
Si Yann Roubert tient à saluer le travail des dirigeants de clubs « pour rendre le rugby toujours plus attractif », il appelle aussi à la responsabilité collective :
« Il ne faut pas croire que le rugby vit dans l’opulence. Il faut que chacun soit raisonnable pour ne pas vivre au-dessus de ses moyens. »
Un message clair : l’euphorie autour du rugby français ne doit pas faire oublier les fondamentaux économiques. Et face aux dérives possibles, l’ère de la fermeté semble avoir sonné.