Depuis 2019, les équipes passées par les barrages peinent à atteindre la finale du Top 14, une tendance qui tranche avec la décennie précédente.
L’Union Bordeaux-Bègles a brisé cette série en 2024, mais sans pouvoir transformer l’essai.
La finale du Top 14 2024 restera marquée par l’écrasante défaite de l’Union Bordeaux-Bègles face au Stade Toulousain (59-3). Pourtant, en atteignant ce stade de la compétition après être passée par un barrage, l’UBB a signé une performance rare.
Il faut en effet remonter à 2018 pour retrouver la trace d’un barragiste en finale : le Castres Olympique, sacré champion cette année-là après avoir terminé 6e de la saison régulière.
Entre l’instauration des barrages en 2010 et 2018, voir un outsider issu des matchs de barrage se hisser en finale n’avait rien d’exceptionnel. Durant cette période, chaque finale a opposé un barragiste à un demi-finaliste directement qualifié, avec un bilan quasi équitable : cinq victoires pour les premiers, quatre pour les seconds.
Mais cette dynamique s’est inversée à partir de 2019. Seule l’Union Bordeaux-Bègles a réussi à déjouer les pronostics en atteignant la finale via les barrages depuis cette date. Un tournant qui coïncide avec l’hégémonie du Stade Toulousain rappelle Sud Ouest. Premiers du classement en 2019, 2021, 2023 et 2024, les Rouge et Noir n’ont jamais trébuché en demi-finale durant ces saisons, et n’ont échoué en finale qu’en 2022, alors qu’ils étaient classés 4es en saison régulière.
La saison 2019-2020, annulée en raison du Covid-19, constitue l’unique exception dans cette domination sans partage.
Avec Toulouse installé solidement au sommet, une seule place reste à prendre pour les autres prétendants. Et depuis 2019, cette place est systématiquement revenue au deuxième de la phase régulière, reléguant les barragistes au rôle d’outsiders.
Cependant, si les statistiques plaident pour les deux premiers, les écarts restent relativement serrés. En moyenne, entre 2010 et 2018, seuls cinq points séparaient le 2e du 3e au classement final ; entre 2019 et 2024, l’écart n’a que légèrement augmenté, à six points. Sur le terrain, les demi-finales restent aussi compétitives : neuf points d’écart en moyenne entre les deux équipes sur la première période, douze sur la seconde.
La semaine de repos accordée aux deux premiers reste un avantage stratégique. Elle permet de récupérer, de peaufiner les plans de jeu et, souvent, d’aborder la demi-finale avec un ascendant psychologique. L’UBB a brisé cette logique cette saison, mais les autres barragistes, comme Toulon et Bayonne, sont attendus pour confirmer – ou infirmer – ce retour de flamme.
Alors que les demi-finales approchent, la question demeure : l’exploit d’un barragiste est-il encore possible dans le Top 14 moderne, ou appartient-il désormais au passé ?







