Qualifié une nouvelle fois pour la finale du Top 14, le Stade Toulousain a dû franchir bien des tempêtes cette saison, à en croire les mots forts de son manager Ugo Mola. Derrière les statistiques flatteuses se cache une campagne éprouvante, marquée par les blessures, les drames humains et les secousses en coulisses.
Une traversée du désert que le technicien toulousain n’a pas hésité à qualifier d’« enfer ».
Des blessures en cascade, une équipe diminuée mais toujours debout
Interrogé à la sortie de la demi-finale remportée face à Bayonne (32-25), Mola a tenu à poser les choses : « Mes admirateurs vont encore me reprendre sur le sujet mais on a vécu une saison en enfer. Oui on est meilleure attaque, oui on est meilleure défense, oui on a fait un rugby abouti. Mais on a vécu une saison en enfer. »
Le technicien toulousain n’a pas souhaité s’attarder sur tous les détails, mais son message est limpide : cette saison 2024 n’a ressemblé à aucune autre. « En enfer en termes de blessures, en enfer en termes de situations complexes à gérer… Être en finale de cette saison-là, avec ce qu’il s’est passé, pour plein de raison, c’est la performance d’un groupe qui n’a pas lâché, qui est résilient. »
Et le bilan médical a de quoi donner le vertige : Antoine Dupont blessé à l’hiver, Mauvaka gravement touché au genou fin avril, Ramos, Kinghorn, Capuozzo, Costes… Les absents se sont multipliés dans les moments décisifs. Malgré cela, Toulouse a tenu bon et s’est hissé jusqu’à la dernière marche.
Une saison marquée par des drames humains
Mais au-delà des terrains, c’est surtout la dimension humaine qui a frappé le groupe toulousain. L’été dernier a été marqué par deux événements tragiques : le décès brutal d’Helen Tekori, compagne du pilier Joe Tekori et figure respectée du club, puis la disparition du jeune Medhi Narjissi, 17 ans, emporté par la mer en Afrique du Sud alors qu’il participait à un stage avec le XV de France jeunes. Deux chocs successifs qui ont profondément marqué le vestiaire.
Matthis Lebel l’avait d’ailleurs confié en pleine saison : « Le club a traversé une période très compliquée cet été, cela nous a vite rattrapés et on y pense toujours très fort. »
Le feuilleton Jaminet, une ombre médiatique persistante
Comme si cela ne suffisait pas, le club haut-garonnais a également été secoué par l’affaire du transfert de Melvyn Jaminet. Dévoilée fin janvier, cette transaction a mis en lumière des irrégularités qui ont conduit la LNR à sanctionner Toulouse à hauteur de 1,3 million d’euros. De quoi ajouter une pression supplémentaire sur un groupe déjà éprouvé.
Le groupe n’a jamais rompu
Malgré tout, les joueurs ont tenu bon. Romain Ntamack a confirmé l’analyse de son entraîneur : « Oui, la saison est éprouvante depuis l’été dernier. On a eu pas mal de galères au sein du club et cela s’est enchaîné un peu toute la saison entre les blessés et les affaires extra-sportives. C’est vrai que cela a été assez compliqué mais malgré tout, le groupe a fait toujours front et a su faire face. »
Le demi d’ouverture toulousain, qui a lui-même combattu les douleurs toute la saison, résume l’état d’esprit collectif : « C’est quand même une saison particulière mais si l’issue est belle à la fin du week-end prochain, elle peut être la plus belle qu’on ait jamais vécue. »
Plus qu’un match, la finale contre Bordeaux-Bègles représente pour Toulouse l’opportunité de refermer une saison chaotique sur une note grandiose. Une façon, peut-être, de transformer l’« enfer » en délivrance.