Samedi soir à Décines, l’Union Bordeaux-Bègles a offert une démonstration de puissance en écartant le RC Toulon (39-24) en demi-finale du Top 14. Si la lumière s’est souvent portée sur les stars des lignes arrière, ce sont bien les avants girondins qui ont éclairé le match de leur domination.
Dans un duel de haute intensité, ils ont fait taire les doutes et rappelé qu’ils savent répondre présent lorsque l’enjeu est maximal.
Inconstants en conquête durant la saison régulière — notamment en touche, avec le plus faible taux de réussite du championnat (75 % sur leurs lancers) —, les hommes de l’ombre ont rectifié le tir au meilleur moment. À la clé, une prestation ultra solide contre un pack toulonnais pourtant réputé. « Le pack a fait un gros match… Les avants avaient peur de se faire marcher dessus par Toulon, ils ont répondu présent ! », soulignait Yannick Bru, le manager bordelais, visiblement satisfait.
Ce n’est pas un hasard si les avants de l’UBB avaient coché cette rencontre. Corrigés début juin à Mayol (27-10), ils avaient juré de ne pas revivre pareille mésaventure. « On s’était dit que le match allait passer par devant. On a eu peur de prendre des reculées… Et on a une équipe, quand on a peur, qui sort de meilleures prestations », confiait Pierre Bochaton via L’équipe, symbole de ce sursaut d’orgueil.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 11 touches captées sur 12, 100 % de mêlées assurées (8/8), quatre ballons grattés dans les rucks — dont un décisif sur une action conclue en essai. Une performance complète, saluée par le capitaine Maxime Lucu : « Des mecs comme Pierre (Bochaton), Marko (Gazzotti) et Cyril (Cazeaux) ont fait un énorme boulot… Nous procurer des rucks plus clean pour accélérer notre jeu ».
Le travail entamé depuis l’arrivée de Yannick Bru porte ses fruits, notamment dans les zones de combat. Jefferson Poirot n’a pas manqué de souligner cette évolution : « Si je dois mettre en avant quelque chose, c’est surtout les attitudes sur les rucks offensifs et défensifs… Il a amené beaucoup de choses, notamment d’Afrique du Sud ».
Mais Bru, loin de s’attribuer les mérites, a mis à l’honneur ses adjoints : « Je suis content pour “Globus”, Brad Poux et Shaun Sowerby… Bravo aux coaches, la saison n’a pas été facile ». Une saison perturbée par les absences de certains techniciens clés, comme Akvsenti Giorgadze, qui a dû s’éloigner pour raisons de santé à l’automne 2024.
Souvent éclipsés par les exploits des Jalibert, Bielle-Biarrey ou Penaud, les avants bordelais avancent dans l’ombre. Mais dans les moments qui comptent, ils répondent présents. « Sur les grands rendez-vous, on a souvent répondu présent devant », notait Bru, lucide sur les critiques passées mais renforcé par la démonstration de samedi. Il faut se rappeler qu’en demi-finale de Coupe d’Europe contre Toulouse (35-18), ils avaient déjà posé leur empreinte sur le match.
Le Stade Toulousain sera d’ailleurs de nouveau sur la route de l’UBB, samedi en finale. Et tout le monde à Bordeaux sait que l’histoire se rejouera encore une fois devant. « On sait ce qui nous attend là-dessus… Eux aussi, sur le jeu au sol, ils ont fait un boulot terrible. Avec Jack Willis, notamment. Là, il y a une vraie bataille », anticipait Poirot.
Une bataille que le pack bordelais, en pleine confiance, est désormais prêt à livrer les yeux dans les yeux.