À l’instant même où la pression atteignait son comble, alors que Maxime Lucu venait de faire trembler les poteaux et d’envoyer tout un stade en prolongation, les joueurs du Stade Toulousain sont restés impassibles. Aucun signe de panique, aucune once de doute.
« À ce moment-là, on s’est juste dit : ce n’était pas assez long comme ça ? », lançait avec humour Pierre-Louis Barassi, quelques minutes après la victoire, dans l’euphorie maîtrisée des vestiaires du Stade de France.
Cette sérénité, cette capacité à répondre présent quand tout vacille, c’est l’ADN de Toulouse. Saison après saison, finale après finale, le club rouge et noir conserve ce quelque chose en plus, ce sang-froid des champions. Là où d’autres flancheraient, eux avancent. Peu importe si le match dure 80 minutes ou 100, la bête ne meurt jamais.
Ce mental d’acier, cette habitude de vaincre, c’est ce qui distingue les Toulousains dans les moments qui comptent. Ils peuvent vaciller durant l’année, montrer des failles, perdre des batailles en cours de route. Mais lorsque l’enjeu est maximal, ils redeviennent irrésistibles. Et ce n’est pas un hasard si le club de la Ville rose ne cède jamais quand le Bouclier de Brennus est à portée.
Dans le vestiaire, l’idée d’un exploit historique commence déjà à faire son chemin. Avec trois titres consécutifs, Toulouse est à une marche d’un quadruplé légendaire, égalant les générations mythiques du Stade Bordelais au début du XXe siècle et de Toulouse lui-même dans les années 90. Et si ce palier est franchi, une nouvelle ambition pourrait naître : celle de conquérir un cinquième Brennus de rang, un exploit que personne n’a jamais accompli.
L’avenir proche semble d’ailleurs sourire au champion en titre. L’effectif 2025-2026 ne sera que très légèrement retouché. Les départs de Richie Arnold, Alban Placines ou encore Nepo Laulala seront contrebalancés par les arrivées ciblées de Teddy Thomas et Georges-Henri Colombe. Et surtout, les blessés majeurs — Antoine Dupont, Peato Mauvaka, Ange Capuozzo — effectueront leur grand retour à l’automne.
Autant dire que l’armada toulousaine a tout pour prolonger sa domination. Et à moins d’un séisme réglementaire ou disciplinaire — « il faudrait que l’autorité du rugby français (A2R) ait la main très lourde ces prochains jours ou semaines, si elle devait l’avoir » —, il est difficile d’imaginer une autre équipe tenir le rythme imposé par les hommes d’Ugo Mola.
L’histoire est en marche, et le Stade Toulousain semble bien décidé à l’écrire.
Comme le rappelle L’équipe, le club risque des retraits de points pour sa tentative de contournement des règles du salary-cap dans l’affaire du transfert de Melvyn Jaminet de Perpignan à Toulouse en 2022.