À 32 ans, Maxime Lucu vient de vivre une saison hors norme. Capitaine d’une Union Bordeaux-Bègles enfin sacrée en Champions Cup, guide inspiré lors d’une finale de Top 14 épique, et homme fort du dernier Tournoi des 6 Nations avec le XV de France, le demi de mêlée a bouclé un exercice personnel et collectif d’une rare intensité.
Maxime Lucu s’est longuement confié via Midi Olympique.
Cardiff, l’image gravée à jamais
Quand on lui demande quelle image il retiendra de cette saison historique, la réponse fuse sans hésiter : “Notre victoire en Champions Cup à Cardiff, parce que c’était le premier titre du club, le premier pour ce groupe qui a connu des demi-finales perdues, mais aussi la finale de Top 14 perdue à Marseille. C’est l’image qui me vient tout de suite en tête. En tout cas, c’est la plus belle émotion que j’ai vécu.”
Ce sacre européen a été l’aboutissement d’un parcours presque parfait, où l’UBB a successivement éliminé des anciens vainqueurs. “On a fait des matchs quasi parfaits à chaque fois. Ça nous a donné de la confiance pour arriver en demi-finale et préparer du mieux possible ce match contre Toulouse.”
Une finale européenne maîtrisée de bout en bout
Face à Northampton, Bordeaux a déroulé un rugby total. “Je trouve que la demi-finale et la finale ont été des matchs quasi parfaits pendant quatre-vingts minutes. Offensivement, on est arrivé à étouffer ces défenses-là… On a réussi à vraiment déstabiliser les équipes et à mettre beaucoup de pression.”
À Cardiff, Lucu n’a pas seulement dirigé le jeu : il a aussi été l’homme des gestes décisifs, comme ce plaquage défensif qui a scellé la victoire. Un exemple de son leadership affirmé.
Construire un groupe, responsabiliser les hommes
L’un des tournants de cette saison a été la répartition du leadership. Lucu l’assume : “En tant que leader, on a aussi demandé qu’on ait un peu plus de présence aussi de la part des joueurs… On s’est rapproché de certains mecs pour qu’ils prennent un peu plus de responsabilités.”
Une stratégie gagnante, avec un groupe élargi capable de rivaliser même en l’absence des cadres. “On voulait montrer qu’avec ce groupe, il n’y a pas que les leaders présents qui font la joie des victoires de l’UBB.”
Le rebond avec les Bleus : patience et opportunité
En début de saison internationale, Lucu n’était pas dans les plans immédiats. “J’étais numéro 3 à ce moment-là. C’était clair quand je suis arrivé au CNR.” Mais une blessure de Nolann Le Garrec lui rouvre les portes. “Je savais qu’un jour ou l’autre, j’allais avoir une chance de revenir et qu’il fallait que je la saisisse.”
Il répond présent lors du Tournoi, notamment face à l’Irlande, dans ce qu’il décrit comme “le match où j’ai pris le plus de plaisir avec l’équipe de France.” Une prestation qui a marqué un tournant personnel. “J’ai réussi à faire ce que je fais d’habitude en championnat avec Bordeaux.”
Une finale de Top 14 au scénario délirant
La dernière marche vers le Bouclier de Brennus a été folle. “Ça a été une guerre psychologique… Il n’y a pas eu de temps mort, il n’y a pas eu de moment de flottement.” Et même si Bordeaux échoue au bout du suspense, le demi de mêlée retient l’intensité hors norme d’une finale historique.
Lucu a pourtant failli manquer ce rendez-vous à cause d’une béquille et d’un début de phlébite : “Pendant un moment, j’ai vraiment eu peur.” Mais il revient à temps, aidé par les kinés et les préparateurs, pour mener les siens jusqu’au bout.
Une saison référence, à titre personnel
Maxime Lucu ne cache pas sa satisfaction : “C’est ma meilleure saison depuis que je suis professionnel. Je suis content de progresser année après année.” Il confie avoir ciblé des axes précis de travail : “Le jeu au pied, ma qualité d’éjection, la défense, les plaquages offensifs… J’essaye d’étoffer ma palette.”
Il s’affranchit d’une étiquette de simple gestionnaire : “J’essaye d’être un peu plus complet, d’avoir une plus grande empreinte sur le jeu.” Et de conclure : “Je prends beaucoup plus de plaisir maintenant que lorsque j’avais 25 ou 26 ans.”