Il y a un peu plus de deux semaines, l’Union Bordeaux-Bègles s’inclinait en finale du Top 14 contre le Stade-Toulousain, dans les prolongations.
Interrogé via Midi Olympique, le manager de l’UBB, Yannick Bru a accepté de revenir sur cette défaite.
Il indique avoir revu cette finale perdue contre Toulouse. Extrait:
Je l’ai regardée dès le lendemain dans le TGV. Il y avait deux heures à tuer, donc j’ai revu quelques moments du match qui me paraissaient importants, puis dans la globalité. Cela reste une base de travail aussi pour le futur.
Il analyse cette défaite et estime que son équipe a été valeureuse malgré la défaite. Extrait:
On a été un adversaire valeureux, mais il nous a manqué quelques petits pourcentages de colère, d’énergie, de motivation pour battre le Stade Toulousain dans une finale. Bien sûr, nous nous sommes mis en face, nous avons eu des moments forts dans le match. Mais globalement, notre performance dans l’affrontement a manqué de continuité. Je l’ai ressenti au bord du terrain. Dès le début, nous étions sous pression dans notre camp pour plein de raisons techniques. On a aussi pris deux cartons jaunes. C’est beaucoup, pour une finale face à Toulouse.
J’avais le sentiment au bord du terrain que le plus fort sur ce match avait gagné et ça s’est confirmé. Effectivement, à la vidéo, on voit qu’il y a quelques moments psychologiques dans le match qu’on aurait pu mieux exploiter. Il y a aussi, dans une rencontre où on a été dominés, quelques décisions qui n’étaient pas très compréhensibles. Mais dans l’ensemble, on ne peut pas avoir de gros regrets sur ce match.
Il évoque un moment clé du match qui a tourné en la faveur du Stade-Toulousain. Extrait:
Clairement, en revenant à 33‑33, on se dit qu’il y a ce momentum psychologique de quelques minutes qu’il faut absolument exploiter. On a une très belle première possession à la 84e minute, avec un duel aérien remporté par Damian Penaud. Mais, en suivant, il y a le contest d’Emmanuel Meafou. C’est vraiment un moment clé du match. On devait marquer sur cette action, mais les Toulousains nous privent finalement de la possession. Ce moment nous fait sortir de cet avantage psychologique qu’on avait en démarrant la prolongation.
Il se dit impressionné par le caractère et la solidarité dont a fait preuve son équipe. Extrait:
Le caractère et la solidarité dans notre équipe. On encaisse deux exclusions temporaires et pourtant, la défense s’est dressée comme un rempart, concédant très peu de points. On marque en infériorité numérique, ce qui est rare contre Toulouse. Ce qui m’a aussi bluffé, c’est notre capacité, dans la toute dernière possession du match, sur une mêlée dans nos 22 mètres, à balayer le terrain sur six ou sept temps de jeu. Il y a aussi trois ou quatre offloads, dans un match où on a quand même été bousculés, remués. C’est magnifique. Et puis, j’ai aimé aussi cette dernière pénalité de Max Lucu.
Quand il me dit “je la sens”, moi, connaissant Max, je me dis “c’est bon, elle est dedans”. Alors, je me suis déjà projeté sur la prolongation. Notre équipe a montré son caractère, sa fierté, sa solidarité aux moments importants du match. Mais nous avons manqué d’un fil conducteur offensif et défensif pour rivaliser sur toute la durée. C’est sûrement qu’il nous manquait aussi, la rage de celui qui a quelque chose à se faire pardonner ou qui ressent un petit plus. Dans l’affrontement, notamment devant, il y a eu de bonnes choses. Mais globalement, le meilleur a gagné.
Il rappelle que l’UBB se devait absolument de rebondir après sa défaite de la saison dernière, en finale contre Toulouse. Extrait:
Il fallait déjà rebondir après le 59‑3 de l’an dernier, en finale. Ça, on a vite senti que cela avait été vraiment digéré. Ce qui a été le plus marquant pour moi, c’est le travail d’équipe, joueurs et staff, entrepris pour aller chasser les démons, compte tenu de la fessée qu’on avait prise. Ce travail s’est poursuivi toute la saison. Ça a été un accomplissement fort et une grande réussite dans les interactions. Ce qui m’a aussi marqué, c’est l’émergence et la progression d’un nombre important de joueurs de notre effectif qui ont pris une autre dimension, se sont affirmés dans leur leadership et ont développé des compétences dans leur préparation personnelle.
L’émergence aussi de jeunes joueurs. On sait qu’on a un effectif très jeune à l’UBB, ce qui est une raison de croire en l’avenir, si on ne manque pas d’humilité. Une nouvelle génération autour de Nico Deporter, Pierre Beauchaton, Max Lamothe a pris du pouvoir et de la place. Je dirais enfin que la fin de la campagne de Champions Cup a été incroyable. Après, on s’est remis sur le vélo. Ça n’a pas été facile. Ce qui m’a marqué, c’est le rebond psychologique qu’on a eu sur la demi-finale face à Toulon, car je craignais énormément ce match. Malgré tout, on l’a gagné avec une grande confiance en notre rugby, et c’est peut-être ce qui nous a desservis dans la préparation de la finale. Ça aussi, c’est un apprentissage pour le futur.