Leur performance sur le terrain a été éclatante, leur joie dans les vestiaires ne l’a pas été moins. Après avoir largement dominé l’équipe de France (43-17), les joueurs néo-zélandais ont laissé parler leur bonheur, entonnant à pleine voix Why Does Love Do This to Me, un classique local redevenu culte dans les tribunes.
Cette ambiance euphorique a même couvert les propos de Fabien Galthié en conférence de presse, visiblement agacé : « On ne peut pas travailler », a-t-il lancé sèchement, en direction du responsable communication de la fédération néo-zélandaise, comme l’explique L’équipe.
Pour les All Blacks, ce succès avait une valeur symbolique. Ils n’avaient plus remporté le Dave Gallaher Trophy face à la France depuis des années. « Gagner ce match signifiait beaucoup pour nous. Nous n’avions pas eu ce trophée depuis un bail. C’était bien de le récupérer », confiait Scott Robertson. « Ce sera sympa de trinquer avec et d’honorer ainsi la mémoire du grand Dave Gallaher », a-t-il ajouté.
L’émotion était palpable chez les cadres de l’équipe. Ardie Savea n’a pas caché son attachement à ce maillot noir : « Ce n’est jamais innocent de porter ce maillot. Chaque semaine je me dis que je suis béni et je suis reconnaissant ».
Le capitaine a aussi partagé un moment d’intimité : « J’ai regardé les gradins, cherché ma femme des yeux… Faire partie de ça, c’est magnifique. Cette équipe est importante pour notre nation et je ne considérerai jamais le maillot noir comme un acquis. »
Même intensité chez Beauden Barrett, submergé par l’hymne : « J’ai été pris par l’émotion parce que je me dis que je ne sais jamais vraiment quand ce sera ma dernière fois… Et puis avoir la chance de jouer avec un frère à mes côtés, c’est très fort à mes yeux ». Une déclaration forte pour le joueur aux 136 sélections.
Sur le plan physique, les All Blacks ont élevé leur niveau par rapport au premier test. « On travaille énormément notre préparation physique et les gars ont fait un énorme travail », se félicitait Robertson. « Nos joueurs sont capables d’imposer leur pression tout au long du match et de finir fort, ce qui est crucial contre ce type d’adversaires ».
Techniquement et tactiquement, les progrès étaient nets. « On en a parlé pendant la semaine, on voulait affronter nos faiblesses. On a été impitoyables sur la plupart de la rencontre », analysait le coach. « On a été mieux équilibrés dans notre jeu au pied, on a su les repousser vers les coins, puis mettre la pression sur les phases statiques ».
Côté performances individuelles, Cameron Roigard a brillé. « J’adore son intuition et son instinct », a souligné Barrett. « Cam est tellement rapide. Il y a pas mal d’Antoine Dupont en lui, dans sa manière de tourner autour des rucks. Il nous a sortis de situations compliquées. Il a énormément de talent. »
Autre satisfaction : la prestation de Tupou Vaa’i, repositionné en troisième ligne aile. Auteur d’un essai et très actif dans le jeu au sol, il a convaincu Robertson : « J’ai adoré quand il a fait ce petit turnover sur le côté du ruck. Il est venu par l’extérieur pour récupérer le ballon. Quand tu mesures 1,99 m et que tu as ces grandes jambes, ce petit coup de ruse pour choper le ballon montre bien son instinct de troisième-ligne ».
Un atout de plus pour les All Blacks, qui montent en puissance match après match.