Lors de leur large succès contre l’Italie à Port Elizabeth (45-0), les champions du monde sud-africains ont surpris le monde du rugby en testant deux phases de jeu totalement atypiques à ce niveau, dont l’une inspirée d’un match de jeunes. Fidèle à sa réputation de stratège audacieux, Rassie Erasmus a encore repoussé les limites de la créativité.
Dès l’engagement, les Springboks ont tenté un mouvement inattendu. Le demi d’ouverture Manie Libbok a délibérément tapé un renvoi court, envoyé directement dans les bras de son coéquipier André Esterhuizen. Une action volontairement illicite au regard des règles, le ballon n’ayant pas franchi la distance minimale de dix mètres.
Objectif des Sud-Africains : forcer une mêlée au centre du terrain pour prendre le contrôle de l’affrontement dès les premières secondes. Si cette tentative n’a pas abouti, le message était clair : l’équipe d’Erasmus voulait imposer sa domination dès le coup d’envoi.
La manœuvre la plus inattendue a eu lieu peu avant la pause. Sorti d’un ruck classique, le ballon a été propulsé en cloche par le demi de mêlée Grant Williams. C’est alors que le deuxième-ligne Ruan Nortjé a été levé par ses avants, comme lors d’une touche, en plein jeu courant. Ce dispositif a semé la confusion chez les Italiens, provoquant une faute immédiatement sanctionnée, avant que les Springboks ne franchissent la ligne quelques instants plus tard grâce à Canan Moodie.
L’origine de cette idée ? Un match d’école, comme l’a révélé Erasmus après la rencontre : « Nous avons vu une équipe B de moins de 14 ans d’une école le faire, au Paul Roos Gymnasium (à Paarl, en Afrique du Sud) », a-t-il expliqué en conférence de presse. « Vous obtenez tous les avantages d’un alignement si vous soulevez un joueur dans le jeu courant et cela a fonctionné pour nous. Mais il est évident que les adversaires seront désormais attentifs à cela. »
La deuxième tentative de ce procédé en seconde période a été encore plus fructueuse : maul formé après une touche, progression implacable, et essai à la clé pour le talonneur Malcolm Marx.
Loin d’être une simple fantaisie, cette technique repose sur un point précis du règlement : depuis 2018, « en jeu ouvert, tout joueur peut soulever ou soutenir un coéquipier », à condition de « le faire redescendre au sol en toute sécurité dès que le ballon est gagné par un joueur de l’une ou l’autre équipe ».
Les Sud-Africains, eux, ont respecté la lettre et l’esprit de la règle.
Encore une preuve que, sous la houlette d’Erasmus, le rugby sud-africain est aussi imprévisible que redoutable.
La nouvelle combinaison gagnante des Sud Africains
Les Springboks retentent le coup avec succès puisque Malcolm Marx finit derrière la ligne
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— CANAL+ Rugby (@CanalplusRugby) July 12, 2025