L’image a fait l’effet d’un électrochoc. Ce mercredi, Carl Hayman, ancien pilier emblématique des All Blacks et du Rugby Club Toulonnais, a partagé sur ses réseaux sociaux un cliché impressionnant de son visage tuméfié, vestige d’une blessure subie en pleine carrière.
Mais au-delà de la photo, c’est le message qui interpelle : l’ex-international veut rappeler les dangers des traumatismes crâniens à répétition et justifier son engagement dans une procédure judiciaire historique contre World Rugby.
« Pourquoi ai-je rejoint le procès contre World Rugby ?? Les joueurs professionnels ne sont pas informés de la vérité sur la gravité des blessures cérébrales répétitives ! […] Ma démence, mes problèmes d’addiction et mon bien-être mental, sans parler de l’effet sur mes enfants, et leur magnifique mère me poussent à réfléchir. Qui s’occupe des joueurs actuels ? », a-t-il écrit.
Une procédure d’ampleur inédite
Cette action en justice, initiée en 2023 par un cabinet d’avocats au nom de 180 anciens joueurs, vise à pointer les manquements supposés des instances dans la prévention et la gestion des commotions.
Depuis, le mouvement a pris une ampleur considérable : plus de 1 100 ex-professionnels, issus du rugby à XV comme du XIII, ont rejoint la plainte. Parmi eux, Hayman, déjà diagnostiqué atteint de démence précoce, en est devenu l’un des visages les plus marquants.
Un procès attendu en 2027
Si la date du procès est fixée à 2027, les débats se concentrent pour l’instant sur des questions procédurales. Les avocats des plaignants et ceux de la défense s’affrontent sur la préparation des audiences, sous l’œil attentif du juge.
Il y a trois semaines, ce dernier a d’ailleurs exhorté la partie plaignante à « assumer pleinement son rôle » et à coopérer davantage avec la défense pour éviter tout retard supplémentaire.
En exposant publiquement les séquelles physiques et mentales de sa carrière, Carl Hayman entend maintenir la pression sur les instances et rappeler que, derrière les exploits sportifs, se cachent parfois des blessures invisibles qui, elles, ne disparaissent jamais.
Voici le message publié par Carl Hayman :
“Pourquoi ai-je rejoint le procès contre World Rugby ?? Les joueurs professionnels ne sont pas informés de la vérité sur la gravité des blessures cérébrales répétitives ! J’ai pris note d’une conversation de Rob Nichol, à l’époque le PDG de la NZRPA (Association des joueurs de rugby néo-zélandais) en 2000, qui disait : “Nous devons prendre soin des joueurs… Avec des saisons plus courtes.”
La mort de Billy Guyton a rendu une chose évidente. Qu’est-ce qui a changé en 20 ans ? La réponse : rien. NZRPA, c’est une plaisanterie. Rob Nichol dit aux joueurs actuels qu’il est plus sûr de jouer au football qu’au rugby. Cela est tellement trompeur et met les joueurs actuels en danger pour l’avenir. Au-delà de la confusion, ma démence, mes problèmes d’addiction et mon bien-être mental, sans parler de l’effet sur mes enfants, leur magnifique mère me poussent à réfléchir. Qui s’occupe des joueurs actuels ?”








