À 40 ans, après 110 sélections et quatre Coupes du monde disputées, Agustín Creevy a tiré un trait définitif sur sa carrière. Le talonneur argentin a choisi de dire adieu là où tout avait commencé : au club de San Luis, à La Plata. Dans un geste symbolique et émouvant, il a suspendu ses chaussures sur une planche offerte par son club formateur, devant sa famille et ses proches. « Il n’y a aucun regret », a-t-il lancé, les larmes aux yeux.
Formé à San Luis dès l’âge de 12 ans, Creevy y a découvert le rugby et noué des amitiés indéfectibles. « Je voulais jouer un dernier match dans le club qui m’a formé comme joueur, là où je me suis fait certains de mes meilleurs amis. San Luis, c’est ma vie », a-t-il confié.
D’un flanker recalé à un talonneur légendaire
Longtemps troisième ligne, Creevy a dû se réinventer après un début de carrière contrarié. À Biarritz, les blessures et l’exil pèsent lourd, au point que Santiago Phelan, sélectionneur des Pumas, lui intime de changer de poste pour espérer exister au plus haut niveau. Le pari est fou mais payant : en un an, il s’impose comme la doublure de Mario Ledesma et dispute sa première Coupe du monde en 2011.
Son parcours le mène ensuite à Montpellier, Worcester, puis aux Jaguares, où il devient capitaine et star du Super Rugby, avant d’atteindre la finale en 2019. Avec les Pumas, il cumule 110 sélections et reste un leader respecté, même lorsqu’il perd son brassard au profit de Julián Montoya.
Un joueur hors normes
Surnommé « Sonny Bill » pour ses offloads, Creevy alliait puissance et dextérité. Keven Mealamu, double champion du monde, lui rendait hommage après chaque duel.
Malgré les coups durs – mise à l’écart par Mario Ledesma, disparition des Jaguares après le Covid, faillite de London Irish – il a toujours rebondi, terminant sa carrière en URC avec Benetton Trévise, tout en devenant un mentor pour les plus jeunes.
Une nouvelle vie commence
Aujourd’hui, Creevy ne s’éloigne pas du rugby. Déjà engagé comme accompagnateur auprès des jeunes, il a aussi lancé sa chaîne YouTube pour partager sa passion. « Ce n’est pas un adieu, seulement la fin d’une époque », assure-t-il. Avant de conclure : « J’ai tout donné au rugby. Il est temps maintenant de penser un peu aux besoins de ma famille. Je ne regrette rien, alors je suis très heureux que tout se termine là où tout avait commencé. »
Un clap de fin à la hauteur d’une carrière exceptionnelle, celle d’un Puma qui aura marqué son époque.
