
Après avoir dû mettre un terme à sa carrière à cause de plusieurs commotions cérébrales, Paul Willemse ne nourrit aucune rancune envers le rugby.
Pourtant, l’ancien international tricolore livre dans une interview accordée à Midi Olympique une critique virulente sur un point crucial : selon lui, les clubs restent encore très insuffisants dans la prise en charge de la santé mentale de leurs joueurs.
D’entrée de jeu, il refuse de jeter l’opprobre sur l’ensemble de la discipline. Il explique :
« Je ne peux pas être en colère. Même s’il reste encore beaucoup de choses à faire, j’ai fait partie d’un rugby ayant eu conscience du danger que représentaient les commotions cérébrales et qui a fait évoluer ses règles pour tenter de freiner le problème. Chez moi, ça a été bien géré. Personne ne m’a jamais poussé à reprendre plus tôt, après une commotion. »
Toutefois, son propos se concentre rapidement sur une faille majeure : le manque d’un soutien psychologique adapté. Il confie :
« Dans les clubs, il reste beaucoup de boulot à faire sur l’accompagnement mental des joueurs. On est tous d’accord pour dire que les rugbymen pros sont très bien préparés physiquement. Ce qui fait la différence entre une équipe dominante et une autre perdant tous ses matchs, c’est la dimension psychologique. »
Il souligne ainsi un décalage important entre la préparation physique, souvent irréprochable, et la vulnérabilité psychique. Il illustre ce point en soulignant :
« Comment expliquez-vous, aussi, que d’une année sur l’autre, un joueur ayant le même corps et juste quelques mois de plus soit mauvais alors qu’il marchait jusqu’ici sur l’eau ? Là aussi, il s’est passé quelque chose dans sa vie, sa tête, sa famille, son club ou sa relation avec son coach. Or, pour l’instant, il n’y a rien dans les clubs pour aider les joueurs à gérer un stress énorme, dû à la balance constante entre des moments d’une intensité rare et des instants plus ordinaires. Pour gérer ce stress, les jeunes joueurs n’ont alors d’autres choix que de se tourner vers l’alcool ou la drogue. »
Le tabou entourant la santé mentale dans les vestiaires reste fort, analyse l’ex-joueur de deuxième ligne, qui précise :
« On ne sait pas ce qu’il se passe dans la tête de nos coéquipiers. Nous ne sommes pas équipés de capteurs et ne sommes pas formés à gérer les problèmes mentaux des uns et des autres. Et puis, on est tous dans le même truc, quoi… Tu ne peux pas demander à un autre alcoolique comment arrêter la boisson… »
Loin de vouloir accuser le monde du rugby, Paul Willemse tire néanmoins la sonnette d’alarme. Si le rugby entend continuer à protéger ses joueurs, il devra impérativement intensifier son travail d’accompagnement psychologique, au-delà de la seule prise en charge médicale et physique.







