
Sur un match de rugby, une image peut sembler banale : un ballon porté, un choc reçu à la mâchoire, une situation vue de nombreuses fois.
Pourtant, lors d’une rencontre en octobre 2024 contre le Stade Français, Paul Willemse a connu un tournant dramatique. Le deuxième ligne international ne retrouvera jamais les terrains au plus haut niveau après cet événement.
Cette commotion, qui représentait la sixième en l’espace d’une seule année, fut la dernière.
L’ancien joueur de Montpellier revient avec précision sur ce moment où tout s’est arrêté.
Dans une longue interview accordée à RMC Sport, il s’est confié :
« Après le dernier gros choc que j’avais pris, je m’étais mis en repos pendant quatre mois. Les spécialistes m’avaient expliqué à ce moment-là que j’étais un cas orange, qu’il fallait attendre de voir comment ça allait se passer dans le futur, mais que si je prenais un autre choc il y avait un grand risque et qu’il faudrait arrêter.
Après quatre mois, premier match contre le Stade Français. Sur la première action, je porte le ballon, je prends un petit choc à la mâchoire, un truc normal que j’ai déjà pris mille fois. Sauf que celui-là m’a fait dormir deux ou trois secondes. Je suis sorti du terrain et je n’étais pas capable de passer le protocole. »
Le verdict médical est tombé dès le lendemain :
« Quand j’ai vu le spécialiste, il m’a dit que j’avais une fragilité qui n’était pas normale et que je ne pouvais plus être capable de faire ce que je faisais sur le terrain. Donc ça, c’était un peu dur. »
Cette séquence a constitué un point de rupture définitif.
Pour Paul Willemse, il ne s’agissait plus d’une simple expérimentation du protocole commotion, mais bel et bien d’une décision médicale ferme : continuer à jouer exposait à des risques graves et irréversibles.
Après une carrière de douze ans au plus haut niveau, le pilier du XV de France a dû faire face à cette réalité. Cette commotion de trop mettait fin de façon brutale à son parcours.
Le joueur reconnaît que cette conclusion a été difficile à accepter :
« Oui, ça a pris un peu de temps parce que c’était dur de l’accepter. J’ai essayé quand même de regarder toutes les possibilités et de voir s’il n’y avait pas une petite possibilité de revenir sur le terrain. Ce n’était pas possible. Je l’accepte maintenant. »
Une blessure invisible mais déterminante
Contrairement aux blessures physiques classiques, les commotions cérébrales ne provoquent pas de douleurs corporelles persistantes, rendant la décision d’arrêter la pratique encore plus complexe à appréhender :
« Parce que ce n’est pas comme les autres blessures. Tu ne sens rien dans ton corps donc tu as toujours l’envie de jouer. Tu sens que ton corps va bien, mais le médecin te dit ‘non’. Même les symptômes qui me restent, tu te dis que ça va passer. Le guerrier qui est dedans, il te dit ‘Non, mais ça va… On prend un peu de temps, on va voir après trois mois’. Mais en fait avec le temps, certains symptômes sont toujours là. »
Prioriser sa santé plutôt que de prendre des risques majeurs
Après plus d’une décennie au sommet, Willemse a finalement choisi de mettre sa santé et celle de ses proches avant tout :
« Il faut prendre du recul et voir le risque qu’il y a par rapport à ce qu’il y a à gagner. Ce n’est pas très intelligent de prendre un risque après 12 ans de carrière pour ajouter encore une autre commotion avec un risque très élevé. Enlever un peu le stress à ma famille et mes proches, c’est le meilleur choix. »
Avec cette annonce, le rugby français perd un de ses grands combattants avant l’heure. Mais pour Paul Willemse, mieux vaut mettre un terme à sa carrière au moment opportun plutôt que de compromettre son avenir.







