
Le différend opposant Mohed Altrad, président et propriétaire du Montpellier Hérault Rugby (MHR) depuis 2011, au maire de Montpellier Michaël Delafosse s’est transformé en un conflit durable, largement politisé, et qui pourrait venir perturber la campagne des municipales prévues en mars 2026.
Ce bras de fer trouve son origine dans l’ambition d’Altrad d’acquérir le Septeo Stadium, propriété de la Métropole, dans le but d’y développer un projet immobilier et sportif ambitieux. D’après lui, ce projet évalué autour de 200 millions d’euros comprendrait parkings, logements, bureaux, commerces, une clinique ainsi que de nouvelles installations destinées au club, telles qu’un centre de formation.
Depuis 2020, la fracture publique entre les deux protagonistes est devenue de plus en plus marquée, prenant une tournure personnelle. Lors des élections municipales de 2020, Altrad s’était lui-même présenté en candidat sans étiquette, décrochant 13,3 % au premier tour, puis 18,12 % au second tour grâce à des alliances inattendues, avant de finalement se retirer face à Delafosse.
Depuis cette date, la communication entre les deux reste tendue : Altrad reproche au maire de Montpellier de manquer à ses engagements concernant le transfert des infrastructures vers le privé, tandis que la Métropole qualifie le projet d’« opération immobilière avec un stade dedans », selon les termes de Christian Assaf, adjoint aux sports.
Les tensions ont récemment pris de l’ampleur. Cet hiver, plusieurs réceptions ont dû être déplacées à cause de la mauvaise qualité de la pelouse. Altrad a menacé, avec des propos virulents, de ne pas renouveler l’autorisation d’occupation temporaire (AOT) pour la saison 2025-2026 et d’emmener l’équipe jouer à Béziers ; il a toutefois donné suite en signant l’AOT le 20 juin.
Pour illustrer les problèmes structurels, le club a publié le 12 juillet une vidéo révélant des sièges cassés, de la rouille, des moisissures et des câbles pendants, ce qui a conduit la Métropole à missionner des huissiers pour constater les défaillances du locataire.
De son côté, Altrad a répliqué en faisant également intervenir des huissiers (le 5 septembre) qui ont pointé d’autres insuffisances : caméras de surveillance en panne, parkings laissés à l’abandon, sonorisation dépassée.
Au-delà des échanges médiatiques, Mohed Altrad envisage des solutions radicales, telles que la délocalisation des rencontres, la construction d’un stade en dehors de la métropole (notamment dans l’hypothèse Lunel), voire même l’arrêt de l’aventure montpelliéraine si l’équation économique ne devient pas viable.
Mohed Altrad s’est confié via L’Équipe. Extrait :
« On avait discuté de l’hypothèse avec l’ancien maire (Pierre Soujol, décédé) mais ce n’est pas allé plus loin, assure Altrad. Comme je suis limité dans les possibilités de développer le club à cause des infrastructures, j’ai trois solutions : délocaliser, construire ailleurs, avec la question de savoir si le public nous suivrait ou pas, ou arrêter tout ça… Aujourd’hui, le rugby à Montpellier est assis sur ma tête (sic). Si je disparais pour n’importe quelle raison, il n’y a plus de rugby. Qui va injecter des millions sachant qu’il ne les récupérera jamais ? »
Il déclare financer environ 10 millions d’euros par saison, en combinant sponsoring et renflouements, tout en s’inquiétant de l’absence d’un modèle économique durable sans maîtrise des infrastructures.
De son côté, la Métropole souligne l’enjeu majeur qu’est la protection de l’intérêt général, insistant pour que le stade ne soit pas le prétexte à une spéculation immobilière. Les échanges virulents et les accusations réciproques laissent penser qu’aucune avancée constructive ne verra le jour tant que les postures politiques perdureront — d’autant plus que l’approche des municipales durcit les positions.
La campagne à venir s’annonce donc intense, avec le dossier du Septeo Stadium qui risque de tenir une place clé.







