
À Lyon, le LOU Rugby doit une part importante de son succès, autant populaire que sportif, à un montage financier qui dépasse le simple cadre du rugby. C’est cette situation que met en lumière un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) Auvergne-Rhône-Alpes, dont la publication est prévue ce vendredi 26 septembre.
Le quotidien Le Monde en fait état.
Depuis son retour dans l’élite du Top 14 en 2017, le club lyonnais a su attirer en moyenne plus de 17 600 supporters par match, affichant une image extrêmement positive. Avec ses 224 employés, une académie de haut niveau et un capital social de 46,7 millions d’euros apporté par son actionnaire GL Events, le LOU paraît financièrement robuste.
Pourtant, la CRC révèle une autre facette : la section sportive en elle-même présente un déficit moyen annuel de 4,7 millions d’euros sur une période de sept ans.
Pour compenser cette situation, le club s’est appuyé sur des opérations immobilières particulièrement rentables. Le bail emphytéotique de 60 ans accordé en 2016 par la Ville de Lyon sur le stade de Gerland et les terrains attenants (15 hectares), couplé à une modification du plan local d’urbanisme qui a rendu ces parcelles constructibles, a permis au LOU de lancer divers projets : hôtel, centre médical, bâtiments de bureaux et parkings.
Ces activités ont généré près de 49,6 millions d’euros de profits immobiliers, qui ont essuyé 34,9 millions de pertes liées au sport et même dégagé un surplus.
La CRC critique toutefois la redevance annuelle de 300 000 euros, fixée avant la modification du PLU, comme étant largement sous-évaluée, ce qui constitue un « soutien financier indirect » en contradiction avec la réglementation en vigueur.
L’organisme pointe également l’absence de paiement d’impôts sur les sociétés pour 12,4 millions d’euros de bénéfices et mentionne des transferts financiers vers des filiales de GL Events.
Une renégociation du bail pourrait coûter près de 100 millions d’euros à la municipalité. Ainsi, ce modèle hybride mêlant rugby et immobilier semble encore bien installé pour l’avenir.
En résumé : le LOU Rugby est déficitaire sur son activité sportive mais parvient à équilibrer ses comptes, voire à dégager des excédents, grâce à une réussite immobilière significative autour du stade de Gerland (avec hôtels, bureaux, parkings, etc.).
Tout ceci a été rendu possible par un loyer très avantageux accordé par la Ville de Lyon (300 000 € par an) ainsi que par un changement des règles d’urbanisme qui a permis de rendre constructibles les alentours du stade.
Le résultat est une véritable manne financière pour le LOU et son propriétaire GL Events.
Selon la chambre régionale des comptes, « l’activité du LOU Rugby ressemble plus à un business immobilier qu’à un club de rugby », ce qui pose des questions quant à la légitimité des aides publiques reçues.
Cependant, puisque la mairie ne peut pas revenir sur les termes du bail sans verser une indemnité avoisinant les 100 millions d’euros, aucun changement majeur ne semble probable pour le LOU Rugby.







