
La prise de parole d’Antoine Dupont a jeté un pavé dans la mare. Le capitaine du XV de France a dénoncé une « chasse aux sorcières » et un salary cap « trop invasif », forçant la Ligue nationale de rugby (LNR) à répondre publiquement.
En toile de fond : l’équilibre entre équité sportive, économie florissante du Top 14 et droit à l’image des joueurs.
Le cadre : un plafond à 10,7 M€… modulé
Instauré en 2010, le salary cap limite à 10,7 M€ la masse salariale déclarée par chaque club du Top 14 (salaires, primes, avantages en nature compris). Ce plafond vise à contenir la « course à l’armement » et préserver l’équité.
Il est théoriquement modulé par des crédits accordés aux clubs fournissant des internationaux français (jusqu’à 180 000 € par joueur ayant au moins deux capes au Tournoi 2025), pour compenser les doublons et absences.
Les griefs de Dupont
Interrogé lors de l’officialisation du partenariat Stade Toulousain–Peugeot, Dupont s’attaque à deux points :
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L’obligation de déclarer l’ensemble des revenus (y compris partenariats personnels) aux contrôleurs de la LNR.
« Elle essaye d’être de plus en plus invasive en voulant tout savoir de nos contrats de sponsoring… C’est une chasse aux sorcières qui en devient problématique et ridicule. Nous voulons simplement utiliser notre image comme bon nous semble. »
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La réintégration dans le salary cap des contrats d’image quand la marque partenaire du joueur est aussi partenaire du club (ex. Peugeot avec Dupont et Romain Ntamack). Cette règle limite mécaniquement la valeur des deals individuels pour ne pas faire exploser le plafond.
« Aujourd’hui, ça devient problématique pour la majorité des joueurs de l’équipe de France… On se retrouve dans une économie du rugby qui est grandissante grâce à nous, les joueurs au milieu, et au final on n’est pas bénéficiaires de ça puisque le salaire stagne, voire baisse, et on ne peut pas utiliser notre image. »
Pourquoi la LNR exige ces déclarations ?
Pour empêcher les contournements via des partenaires liés aux clubs. Sans visibilité sur les contrats d’image, une partie de la rémunération pourrait être externalisée et échapper au plafond. « Ça peut donner l’impression d’un flicage, mais si la Ligue veut pouvoir contrôler, il faut bien qu’elle ait toutes ces données », rappelle l’agent d’image Frank Hocquemiller via Le Parisien, tout en soulignant que seule une minorité de joueurs est réellement concernée par ces montants marketing.
La riposte de la LNR
Dans un communiqué, la Ligue martèle que le salary cap est « essentiel » pour l’équité sportive et l’équilibre économique : elle n’interdit pas le droit à l’image, mais exige que les contrats conclus avec un partenaire du club soient déclarés et intégrés au calcul, par principe de transparence. La LNR a par ailleurs durci le ton : au-delà des amendes, elle s’autorise retrait de points et rétrogradation en cas de fraude.
Pourquoi maintenant ?
Le dispositif doit être révisé d’ici la saison 2026-2027. Le nouveau président de la LNR, Yann Roubert, a évoqué une baisse du plafond, tandis que les clubs discutent aussi des compensations internationaux. Le contexte est électrique : Toulouse a écopé au printemps d’1,3 M€ d’amende pour le transfert de Melvyn Jaminet, après d’autres affaires (Kolbe, etc.). En arrière-plan, la ligue dissidente R360 promet des contrats XXL, alimentant la frustration des stars sur l’exploitation de leur image.
Et maintenant ?
Le cas Dupont — sous contrat à Toulouse jusqu’en 2027 — cristallise une tension majeure : comment concilier la croissance du rugby pro, l’attractivité des meilleurs joueurs (et leurs revenus d’image) et la stabilité économique du championnat ?
La LNR assure que « le débat est ouvert » sur le montant, le périmètre et les contrôles. Reste à transformer la polémique en réforme lisible, sans casser ce qui fait aujourd’hui la force du Top 14.







