Secoué par un début de saison décevant et une équipe en perte de repères, Ronan O’Gara vit un tournant dans sa carrière d’entraîneur. Le technicien Irlandais veut prouver qu’il reste un des plus grands stratèges du rugby moderne.
Après un revers cinglant à Montpellier (37-13) et un début de saison poussif, Ronan O’Gara traverse l’un des moments les plus délicats de sa carrière d’entraîneur. « Une performance inacceptable et une énorme frustration. C’est le moment de me demander pourquoi je fais ce métier… Non mais c’est vrai… », lâchait-il, dépité, dans la salle de presse du Stade de la Mosson.
Promu manager du Stade Rochelais en 2021, l’ancien stratège du Munster avait alors le vent en poupe. Deux titres européens, une finale de Top 14, et une réputation de meneur d’hommes visionnaire. Mais depuis la défaite crève-cœur de 2023 face à Toulouse, le navire maritime tangue. En deux saisons, son taux de victoire est passé de 69 % à 59 %. « L’équipe est en reconstruction », dit-il souvent. Mais lui aussi.
Son contrat court jusqu’à la Coupe du monde 2027, et chacun sait que l’Irlandais rêve d’un jour diriger une sélection nationale. Pour y parvenir, il devra d’abord relancer son club et lui redonner la rage de vaincre.
« Ronan n’a jamais cessé de croire en nous, même quand dans la presse ou certains à côté nous voyaient déjà morts la saison dernière. Il a vraiment à cœur de revenir en haut de la scène », confie un cadre du vestiaire via Midi Olympique. Une fidélité rare, qui en dit long sur l’état d’esprit du technicien.
Rémi Talès ne manque pas d’encenser son manager. Extrait:
« C’est un compétiteur comme j’ai rarement connu. Il a horreur de la défaite. Cette exigence-là, il la remet sur nous, le staff et les joueurs. C’est ce qui va nous permettre, je l’espère, de se requalifier. S’il le prend comme un défi charnière dans sa carrière d’entraîneur ? Je pense. Il a commencé coach au Racing, il a été champion de France. Il est parti aux Crusaders, il a été champion du Super Rugby. Il est arrivé à La Rochelle, il a été champion d’Europe ! Il y a deux ans, on fait quand même demi-finale. La saison dernière, c’est la première comme coach où il n’est pas qualifié. Il a vécu une année qu’il n’a pas envie de vivre deux fois. Et nous non plus (sourire). »
Ce week-end, le Stade Rochelais se rend à Jean-Bouin pour défier le Stade Français, un stade où O’Gara n’a encore jamais gagné depuis son arrivée en 2019. Un symbole fort, tant la rencontre ressemble à une épreuve de vérité. Car au-delà du résultat, c’est la capacité d’un homme à se réinventer sans renier ses principes qui sera scrutée.
O’Gara le sait mieux que quiconque : dans le rugby comme dans la vie, la gloire appartient à ceux qui se relèvent.
