Plus d’un an après la mort tragique de Medhi Narjissi, jeune international U18 décédé le 7 août 2024 sur la plage de Dias Beach en Afrique du Sud, l’enquête connaît un nouveau rebondissement comme l’explique Sud-Ouest, ce mardi.
La famille du joueur, toujours en quête de vérité, demande désormais la mise en examen du président de la Fédération française de rugby (FFR) Florian Grill, et du directeur technique national (DTN) Olivier Lièvremont.
Le jeudi 9 octobre 2025, Jalil et Valérie Narjissi, les parents de Medhi, ainsi que leur fille Inès, ont été reçus par la nouvelle juge d’instruction Agnès Navarro, qui a repris le dossier.
Accompagnés de leur avocat Me Édouard Martial, ils ont présenté de nouveaux éléments à la magistrate.
« À l’aune du dossier, et notamment en raison du contenu du rapport du ministère de la Jeunesse et des Sports, il apparaît que la communication de Florian Grill n’est plus possible », déclare leur avocat, avant d’accuser la FFR d’avoir dissimulé la nature exacte des liens hiérarchiques entre sa présidence et la DTN.
« Le président de la FFR a dissimulé la relation fonctionnelle et hiérarchique qui existe entre lui et la DTN, et cela malgré le fait que le ministère des Sports l’a démenti. Nous savons maintenant grâce à des éléments complémentaires – un organigramme et une feuille de paie – que ni le DTN ni le président de la FFR n’ont dit la vérité sur leur relation contractuelle. C’est-à-dire que le DTN est salarié de la FFR et qu’à ce titre il perçoit un salaire pour s’occuper notamment de toutes les équipes de France, et donc des U18. Or, Florian Grill, quand il est interrogé sur le sujet dit ‘‘je n’ai aucune possibilité d’intervenir sur le DTN, qui est un organe indépendant sur lequel je n’ai aucune prise’’. Nous, nous disons qu’il dit n’importe quoi. En vertu de ces nouveaux éléments, et compte tenu des errements de l’organisation du séjour des U18, nous demandons qu’il soit mis en examen, tout comme le DTN, sur des faits d’homicide involontaire. »
La défense de la FFR : « Le lien hiérarchique n’existe pas »
En réponse, Me Mathias Chichportich, avocat de la Fédération, rejette toute accusation de dissimulation :
« Nous n’avons pas varié de position. Ni Florian Grill ni la fédération n’ont caché quoi que ce soit. En effet, il n’existe pas de lien de subordination entre des conseillers techniques et la FFR. Nous comprenons qu’en vertu du drame et de la souffrance qu’il génère, il y ait la volonté de chercher des responsabilités. Mais ici, juridiquement, le lien hiérarchique n’existe pas. Florian Grill n’a commis aucune faute qui justifie une mise en examen. L’accident a été causé par une décision du staff. Mais nous restons évidemment à la disposition de la justice. »
Deux mises en examen déjà prononcées
Deux membres du staff des U18 sont toujours mis en examen pour homicide involontaire : Robin Ladauge, préparateur physique, et Stéphane Cambos, manager de l’équipe lors du drame. Ce dernier a contesté sa mise en examen devant la cour d’appel d’Agen, dont la décision est attendue le 13 novembre.
La juge Agnès Navarro devra désormais trancher sur l’éventuelle extension des poursuites. Pour la famille Narjissi, il s’agit d’un combat pour la justice et la mémoire de Medhi, décédé à seulement 17 ans lors d’un stage sous encadrement fédéral.
« Nous voulons savoir pourquoi Medhi est mort et qui a failli », confie un proche.
Un an après le drame, l’émotion demeure vive, et la détermination des proches intacte.
