
Au moment où les clubs de Top 14 ont rouvert les discussions sur le salary cap, Antoine Dupont a lancé un pavé dans la mare.
Le capitaine du XV de France, actuellement en phase de reprise après une opération du ligament croisé du genou droit, a profité d’une conférence de presse organisée autour du partenariat entre Peugeot et le Stade Toulousain pour dénoncer des règles jugées trop strictes sur le droit à l’image.
« Les joueurs ne peuvent pas utiliser leur image individuelle à travers des contrats de pub classiques », a-t-il déploré, évoquant des contrôles « trop intrusifs ». Une critique directe du dispositif encadrant les revenus des joueurs dans le cadre du salary cap, fixé à 10,7 millions d’euros par club.
Une mise au point immédiate de la Ligue
La Ligue nationale de rugby (LNR) a rapidement tenu à rectifier le tir. Elle a rappelé que rien n’interdit à un joueur de conclure un contrat d’image, à condition de le déclarer au salary cap manager lorsque l’entreprise partenaire a un lien avec le club, et d’apporter la preuve de la prestation réalisée.
« C’est un principe de transparence, récemment renforcé, qui vise à éviter tout contournement du plafond salarial par des rémunérations indirectes », a précisé la Ligue.
Une prise de parole loin d’être anodine
La sortie du joueur le plus emblématique du rugby français n’est pas passée inaperçue, d’autant qu’elle intervient alors que le projet R360, ligue mondiale privée aux moyens financiers colossaux, promet des salaires sans plafond. Plusieurs coéquipiers de Dupont, comme Grégory Alldritt ou Matthieu Jalibert, ont soutenu publiquement sa position.
Même certains dirigeants, dont Bernard Lemaître (Toulon), Ugo Mola (Toulouse), Fabien Galthié ou encore Jean-Marc Lhermet, ont appelé à une réflexion.
« Le sujet est extrêmement complexe : il y a la volonté que les joueurs puissent, au maximum, avoir un retour sur leur investissement rugby, mais il y a aussi la nécessité de garder un championnat homogène », a souligné le vice-président de la FFR. « Ce salary cap a des vertus qui ont fait leurs preuves. Mais il faut le faire évoluer et l’adapter. »
Les présidents divisés
Beaucoup de dirigeants se montrent plus réservés. « Toucher au contrôle sur le droit d’image, cela reviendrait à ouvrir la boîte de Pandore », prévient l’un d’eux. « Ça signerait peut-être la fin de notre salary cap, un élément fondateur de l’équité de notre championnat. » Un autre, siégeant à la Ligue, renchérit : « Attention, cela deviendrait trop facile de frauder ! »
Cette crispation s’explique aussi par le timing : la déclaration de Dupont est intervenue quelques jours après la première réunion des clubs consacrée à la réforme du salary cap.
Trois réunions clés avant une décision finale
Les clubs se réuniront de nouveau le 20 octobre, puis le 3 novembre pour aborder le volet disciplinaire, avant une décision finale attendue fin novembre en comité directeur de la LNR. En parallèle, la question sera aussi discutée entre présidents ce mercredi comme l’explique Sud-Ouest.
Plus que le montant du salary cap, les débats portent sur ses mécanismes d’application, notamment les crédits de 180 000 € par international, un dispositif qui permet à Toulouse, avec 15 Bleus, d’afficher légalement une masse salariale proche de 13,5 millions d’euros.
Certains dirigeants envisagent désormais de plafonner ces crédits à partir de 2027, une mesure qui pourrait fragiliser les gros effectifs.
Si une telle décision était adoptée, il s’agirait d’un gros coup derrière la tête pour le Stade-Toulousain qui possède l’effectif le plus fourni en internationaux Français.
Dans ce contexte, la prise de position d’Antoine Dupont, loin d’être anodine, résonne comme un coup de pression politique sur fond de tensions économiques.





