
Rassie Erasmus aime brouiller les pistes.
Le sélectionneur des Springboks a encore surpris tout le monde en convoquant Asenathi Ntlabakanye, pilier droit des Lions, pour préparer le choc face à la France samedi au Stade de France.
Le joueur remplace Ox Nche, blessé contre le Japon, mais cette décision interroge, tant sur le plan sportif que disciplinaire.
Un choix sportif étonnant
En l’absence de Nche, on pouvait s’attendre à l’arrivée d’un autre pilier gauche. Pourtant, Erasmus a opté pour Ntlabakanye, un droitier. Ce choix laisse penser que Thomas Du Toit pourrait être repositionné à gauche pour affronter les Bleus. Sur le plan tactique, cela renforce la polyvalence de la première ligne sud-africaine, un secteur où les Boks aiment dominer.
Mais c’est surtout pour une autre raison que cette convocation fait réagir. Ntlabakanye (26 ans), international depuis cet été, avait quitté le groupe des Springboks en plein Rugby Championship après un contrôle antidopage positif.
Selon la fédération, il s’agissait d’un « résultat d’analyse anormal » lié à une substance prescrite dans un traitement médical destiné à l’aider à perdre du poids. La SA Rugby avait alors précisé qu’il n’y avait aucune volonté d’améliorer la performance sportive.
Erasmus assume son soutien
Malgré cette affaire toujours en cours, Rassie Erasmus a choisi de lui rendre sa confiance.
« Asenathi est un international sud-africain et il a passé une grande partie de la saison avec nous, il connaît donc bien nos structures et nos systèmes. Heureusement, il était déjà à Londres, il est donc arrivé ce matin (dimanche, NDLR) à l’hôtel de l’équipe et pourra reprendre immédiatement l’entraînement, ce qui est fantastique pour nous. »
Pour Erasmus, la convocation du pilier n’est pas une prise de risque mais un geste de soutien :
« J’ai eu une longue conversation avec lui à ce sujet. Si l’on considère l’aspect émotionnel et personnel, la présence d’Asenathi en tournée aurait soulevé de nombreuses questions à son sujet. Pour jouer et être prêt pour un test-match, il faut se concentrer à 100 % sur la rencontre. Je pense que dans cette situation, il doit gérer la situation et s’assurer de présenter sa version des faits. C’est une épreuve très difficile pour lui. »
Alors qu’il risque jusqu’à quatre ans de suspension, Ntlabakanye n’a jamais été écarté définitivement du groupe. Sa présence dans l’équipe pour affronter les Bleus, champions du monde en titre, témoigne de la confiance intacte d’Erasmus — et d’une certaine conception sud-africaine de la loyauté.
Un pari humain et sportif à haut risque, dans la préparation d’un match déjà électrique.







