Alors que certains joueurs du XV de France, à commencer par Thibaud Flament, ont voulu retenir du positif après la lourde défaite face à l’Afrique du Sud samedi soir (32-17), les anciens internationaux Louis Picamoles et Pascal Papé ont livré une lecture beaucoup plus lucide et sévère de la rencontre.
Invités de Stephen Brunch sur RMC, les deux anciens cadres du XV tricolore ont estimé que les Bleus avaient été tout simplement dépassés par la puissance sud-africaine.
Au coup de sifflet final, Thibaud Flament refusait de parler de déroute. Extrait :
« Je ne dirais pas que c’est une claque », a assuré le deuxième ligne. « C’est frustrant de sentir le match nous glisser entre les doigts, parce qu’on domine vraiment cette première période. On prend un essai en fin de mi-temps qui nous coûte un peu cher, mais globalement, je trouve qu’on est largement au-dessus (dans le premier acte). C’est peut-être à la 70e où je sens que ça bascule et ça commence à être compliqué. On y croit à fond, tard dans le match. On a le match en main et on le perd à la fin. »
L’ancien troisième ligne du XV de France Louis Picamoles a tenu à remettre les choses en perspective. Extrait :
« Est-ce que les Bleus ont rivalisé ? C’est mon impression sur la première période, même si je ne dirais pas qu’on a rivalisé mais plutôt qu’on a réussi à contenir la puissance sud-africaine. »
Mais pour lui, la différence s’est faite très tôt. Extrait :
« Après le rouge, les Sud-Africains sont repartis sur ce qu’ils maîtrisent le mieux, c’est-à-dire de l’occupation et du concassage avec les avants. Et sur la deuxième période on n’a plus rivalisé. Le rouleau compresseur sud-africain a petit à petit épuisé les Français pour nous faire exploser dans les 30 dernières minutes. »
Avant de conclure, sans détour. Extrait :
« Même si j’aurais aimé un résultat différent, sur le match il n’y a quand même pas trop de débat pour moi. Ça peut surprendre quand on entend Thibaud Flament dire qu’on laisse échapper le match. Moi je ne serais pas allé jusque-là… Même si on aurait pu espérer mieux, de là à dire qu’on a laissé échapper le match, ce n’est pas vraiment ce qu’on a vu hier soir. »
De son côté, Pascal Papé a tenu un discours tout aussi tranchant, estimant que cette défaite mettait surtout en lumière l’écart entre les deux nations. Extrait :
« On est sans doute moins bons individuellement et collectivement que les Sud-Africains, j’en suis à peu près persuadé.Ils ont un peu plus d’expérience, une moyenne d’âge supérieure, et ils avaient encore une fois décidé de venir nous chercher sur la conquête. Là où c’est très bien joué, c’est que même avec un avant de moins, ils nous ont vraiment dominés. Ils ont gardé leur stratégie de concassage en réduisant la voilure, en faisant de l’occupation et de la conquête aérienne, domaine où on a été aussi dominé. »
Et de conclure, lucide. Extrait :
« Ils nous ont pris à la sudaf’, comme bien souvent. (…) Oui, il faut garder de la confiance, ne pas tout remettre en question, mais pour l’instant il faut se dire qu’on n’est pas invité sur la totalité d’un match face aux Sudaf’. »
Entre optimisme des joueurs et réalisme des anciens, le constat est clair : les Bleus ont encore du chemin à parcourir pour rivaliser avec les champions du monde.
Si la première période a pu laisser entrevoir quelques espoirs, la puissance, la rigueur et la discipline des Springboks ont fini par rappeler pourquoi l’Afrique du Sud reste aujourd’hui la référence mondiale.
