
Derrière la façade d’une prolongation de contrat présentée comme une marque de confiance, c’est une crise d’autorité qui secoue l’Aviron Bayonnais. À peine un mois après avoir prolongé Grégory Patat jusqu’en 2028, Philippe Tayeb, le président du club basque, remet ouvertement en cause son manager, ses méthodes… et son entourage.
Le 17 octobre, l’annonce officielle affichait un grand sourire. « L’Aviron Bayonnais Rugby Pro et son président Philippe Tayeb sont très heureux et fiers d’annoncer la prolongation pour deux saisons supplémentaires de Grégory Patat », pouvait-on lire sur le site du club. Un cliché accompagnait le communiqué : le président et son entraîneur, ballon en main, symboles d’une union retrouvée. En coulisses, la réalité est toute autre.
Selon Sud-Ouest, Tayeb aurait depuis fait volte-face, allant jusqu’à dire à son manager : « Tu n’es pas un bon manager… Laurent Travers doit tout reprendre. » Le président, interrogé par Rugbyrama, a démenti ces propos, mais le mal est fait. L’ambiance s’est considérablement détériorée, et Grégory Patat, 50 ans, serait profondément affecté par ces attaques.
Le cas Thibault Giroud, étincelle de la discorde
Le point de rupture pourrait venir d’un nom : Thibault Giroud. L’actuel directeur de la performance de l’UBB aurait été approché par Bayonne, sans que Patat n’en soit informé. Giroud, encore sous contrat jusqu’en 2027 à Bordeaux, se serait vu proposer un bail de cinq ans. Une initiative que le manager n’a ni validée ni même anticipée.
Patat, fidèle à sa ligne, entend choisir ses collaborateurs. Il souhaite conserver Loïc Louit, préparateur physique qu’il connaît depuis Auch et Perpignan. « Si Giroud lui est imposé, il partira », annonce L’équipe.
Dans Rugbyrama, Tayeb a expliqué avoir évoqué avec Loïc Louit une « orientation différente » du projet sportif. Le principal intéressé, lui, assure n’avoir jamais entendu ces mots. Le président ajoute également que Gerard Fraser, adjoint de Patat, a reçu une offre de prolongation. En réalité, le technicien néo-zélandais l’a refusée, jugeant la proposition financièrement insuffisante.
Des résultats qui parlent pour lui
Sportivement, difficile pourtant de reprocher grand-chose à Patat. Depuis son arrivée en 2022, l’Aviron a enchaîné les saisons solides : 8e en 2023, qualifié pour la Coupe des Champions, 12e en 2024, puis 4e en 2025, avec une demi-finale de Top 14 à la clé. Cette année encore, Bayonne occupe la 5e place du classement, à seulement trois points de Toulouse et Toulon.
Un bilan que beaucoup de clubs envieraient, mais jugé « insuffisant » par Tayeb, qui rêve d’un Aviron installé parmi les cadors du rugby français. Pour cela, il a fait venir Laurent Travers comme directeur du rugby, censé amener le club dans une nouvelle dimension. Mais cette arrivée, imposée et mal accueillie par une partie du staff, a ravivé les tensions internes.
Un manager isolé
Selon L’équipe, Philippe Tayeb chercherait aujourd’hui à affaiblir Patat en s’attaquant à son entourage et à son autonomie. Une stratégie risquée, tant l’entraîneur reste populaire dans le vestiaire et apprécié pour son discours direct et fédérateur.
Reste à savoir jusqu’où ira le bras de fer. Entre un président pressé d’imposer sa vision et un manager attaché à son indépendance, le dialogue semble rompu. Et si la fracture s’élargit, l’Aviron Bayonnais pourrait bien perdre l’homme qui l’a remis sur la carte du rugby français.







