
Blessé et simple observateur de la tournée d’automne, Antoine Dupont n’a pourtant pas eu besoin d’être sur le terrain pour faire du bruit. Ses prises de parole restent de véritables séismes dans le paysage du rugby français, et celle de début octobre n’a pas échappé à la règle.
Depuis les tribunes, alors que les Bleus préparent leur duel face aux Fidji samedi à Bordeaux, le capitaine tricolore continue de faire réagir.
Le demi de mêlée du Stade Toulousain, en plein retour à l’entraînement après son opération du genou, s’est agacé du fonctionnement du salary cap du Top 14, fixé à 10,7 millions d’euros jusqu’en 2027. Une contrainte que la star estime pénalisante pour les cadres de l’équipe de France.
« Aujourd’hui, ça devient problématique pour la majorité des joueurs de l’équipe de France », lançait-il alors, en marge d’un événement avec Peugeot, partenaire historique du club rouge et noir.
Combien gagnent réellement les Bleus ?
La question a immédiatement pris de l’ampleur. Dans un championnat où la rémunération moyenne approche les 22 000 euros brut mensuels, les internationaux évoluent dans une fourchette comprise entre 45 000 et 55 000 euros par mois, auxquels s’ajoutent souvent 10 000 à 15 000 euros de droits d’image. Certains, comme Dupont, Grégory Alldritt, Matthieu Jalibert ou Romain Ntamack, disposent également de contrats d’image hors rugby leur permettant de grimper beaucoup plus haut.
Selon les estimations du journal Le Parisien, Antoine Dupont dépasserait ainsi les 3 millions d’euros annuels. Mais selon un agent, seuls quelques joueurs seraient réellement touchés par les limitations imposées par la LNR : « Ils ne sont que cinq ou six à être lésés. Pour les autres, il n’y a pas de problème, mais eux vont se trouver freinés par rapport à ce qu’ils pourraient percevoir. Il faut tout de même faire attention, car nous ne sommes pas au foot, l’économie n’a rien à voir et l’équilibre est fragile. »
Un système contesté mais défendu par la LNR
Alors, qu’est-ce qui pose problème aux stars du XV de France ? Pour Dupont, la transparence imposée par la LNR sur l’utilisation de leurs droits à l’image constitue un frein.
« On se retrouve dans une économie du rugby grandissante grâce à nous les joueurs. Et au final, on n’est pas bénéficiaire de ça puisque le salaire stagne, voire baisse, et on ne peut pas utiliser notre image. […] On arrive un peu dans une chasse aux sorcières. »
La réponse de la Ligue a été immédiate : il s’agit, selon elle, d’un dispositif indispensable pour éviter les contournements du salary cap via des rémunérations déguisées. Un principe renforcé récemment, alors même que le Top 14 accuse toujours 52 millions d’euros de pertes cumulées.
Un droit à l’image sous surveillance
Si la Ligue assure ne pas avoir accès aux comptes bancaires des joueurs et se contenter de documents déclaratifs, le sentiment d’injustice reste vif chez certains internationaux.
L’agent d’image de Louis Bielle-Biarrey, Sébastien Bellencontre, partage d’ailleurs cette frustration via Le Parisien :
« Je suis assez d’accord avec Antoine Dupont. Dans le rugby, on ne fait pas la distinction entre l’image individuelle et l’image individuelle associée. Et les secteurs d’activité des partenaires du club sont préemptés dans le contrat. »







