
Le Stade Toulousain pensait avoir tourné la page. Mais l’affaire Jaminet revient comme un boomerang, ouvrant un nouveau front explosif entre le club champion de France et la Ligue nationale de rugby.
Un dossier qui refuse de mourir
La semaine dernière, Toulouse a appris sa convocation devant le Conseil de discipline du rugby français pour le transfert de Melvyn Jaminet en 2022.
Le lendemain, autre coup de tonnerre : on découvre qu’une enquête préliminaire pour abus de confiance est ouverte depuis avril par le parquet de Toulouse.
Le club a immédiatement dégainé un communiqué très contrôlé… mais lourds de sous-entendus.
Toulouse se pose en victime
Dans son message, le Stade Toulousain assure accueillir positivement l’enquête judiciaire, estimant qu’elle doit permettre d’identifier les responsables du détournement de fonds dont le club se dit lésé.
Le club rappelle que Jaminet avait lui-même payé sa clause de sortie, soit 450 000 €, pour quitter l’USAP sans que cette somme n’entre dans le salary cap toulousain.
Puis vient l’autre élément clé : près de 500 000 € envoyés par Toulouse à la société Pacific Heart pour un projet de tournée… qui n’a finalement jamais eu lieu. Ce montant, très proche de celui dû à Jaminet, alimente les interrogations.
Et aujourd’hui, l’argent s’est tout simplement volatilisé.
Dans les faits, Toulouse a fini par rembourser le joueur… ce qui signifie qu’il a payé deux fois.
Le club insiste : « L’enquête judiciaire vise à identifier les auteurs d’agissements préjudiciables au club et au joueur ».
Mais face à la Ligue, Toulouse change de ton
Autant le club marche sur des œufs concernant la justice… autant il vise directement la Ligue dans le dossier disciplinaire.
Le Stade Toulousain dénonce une nouvelle procédure pour les mêmes faits, là où il avait déjà accepté en mars dernier une amende de 1,3 million d’euros.
Son message est frontal : « L’annonce d’une nouvelle procédure menée par la LNR portant sur les mêmes faits soulève une question fondamentale de confiance des clubs dans les mécanismes de résolution des litiges du rugby français ».
Toulouse met même en cause – à mots couverts – l’indépendance de l’A2R, le gendarme financier du rugby.
Deux procédures… mais pas le même cadre
Ce que le club oublie volontairement ou non :
- le salary cap manager (qui a conduit à l’amende)
- l’A2R (qui juge les comptes et la sincérité financière)
… n’ont pas les mêmes missions, ni les mêmes règlements.
L’une sanctionne une fraude au salary cap. L’autre vérifie si les écritures et montages financiers sont conformes au droit.
Et dans le dossier Jaminet, c’est justement le montage global – clauses, paiements, intermédiaires, société Pacific Heart – qui intrigue les autorités.
Une affaire qui pourrait coûter très cher
Toulouse risque désormais :
- un possible retrait de points,
- une sanction financière supplémentaire,
- et une exposition médiatique dont le club se serait bien passé.
Plus que jamais, les enquêteurs – et les instances – vont devoir démêler un montage qui, entre clause payée par le joueur, tournée fantôme et argent disparu, ne manque pas de zones d’ombre.







